Les Emirats arabes unis veulent apparaître comme les promoteurs de l’Islam modéré et espèrent bien que la visite du pape François, présent sur leur sol pour trois jours, leur servira de vitrine. Preuve de la bonne volonté des Emirats à vouloir un dialogue interreligieux : le prince héritier a remis au pape un acte notarié qui offre une terre pour la construction de la première église aux Emirats.
Mais derrière l’accueil chaleureux, la réalité est autre : Amnesty International a « rappelé la répression qui cible la liberté d’expression dans le pays et a demandé au pape François d’aborder avec les autorités la question des défenseurs des droits humains incarcérés. » L’ONG dénonce le fait que les autorités émiriennes aient déclaré 2019 « Année de la tolérance » alors qu’ils applique une « politique de répression systématique à l’égard de toute forme de dissidence ou de critique. »
Depuis 2011de nombreux opposants — militants, juges, avocats, universitaires, étudiants et journalistes — sont détenus arbitrairement dans les geôles émiriennes. « Il faudra plus que des rencontres symboliques pour redorer le bilan déplorable des Émirats arabes unis en matière de droits humains », indique l’ONG qui cite Ahmed Mansoor, Nasser bin Ghaith et Mohammed al Roken, actuellement emprisonnés.
Et puis, il y a le Yémen : les Emirats sont, avec les Saoudiens, à la tête d’une coalition qui bombarde le pays depuis 2015. Le Vatican a, certes, évoqué la question, le pape demandant de « favoriser de manière urgente le respect des accords établis » sous l’égide de l’ONU, alors que « de très nombreux enfants souffrent de la faim. » Mais l’appel a été timide et pas sûr que les propos du souverain pontife sur le Yémen changent quoi que ce soit.