mercredi 27 novembre 2024
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Au Yémen, la coalition saoudienne vise les civils à Sanaa

Les corps de six personnes sont arrivés à l’Hôpital républicain de Sanaa, ainsi que dix blessés, a déclaré le médecin Mokhtar Mohammed, ajoutant que toutes ces victimes ont été dénombrées dans un même quartier de la capitale.

La coalition menée par l’Arabie saoudite a mené jeudi des raids aériens au Yémen, notamment sur la capitale Sanaa, 48 heures après une attaque de drones sur un oléoduc pétrolier saoudien, revendiquée par les rebelles Houthis.

La coalition avait promis mercredi soir de riposter « avec force » aux attaques des Houthis, soutenus par l’Iran.

« Nous avons commencé à lancer des frappes aériennes ciblées sur des sites de la milice des Houthis, y compris à Sanaa », a déclaré jeudi une source officielle de la coalition.

Un témoin a dit à l’AFP avoir entendu au moins une puissante explosion dans le centre de la capitale, aux mains des Houthis depuis septembre 2014.

La chaîne de télévision Al-Massirah, contrôlée par les Houthis, a fait état de 19 raids au total dans la région de Sanaa, dont 11 sur la capitale même. Elle a attribué les frappes aux « avions de l’agression » saoudienne.

Al-Massirah a fait état de victimes civiles, sans qu’il soit possible d’obtenir un bilan de source indépendante.

Une vidéaste de l’AFP a filmé des volutes de fumée s’élevant d’immeubles endommagés par les raids. Sur d’autres images, on voit des hommes, au milieu de décombres, transporter un corps enroulé dans une couverture vers une ambulance en criant « Mort à l’Amérique, Mort à Israël ».

Les raids ont commencé vers 08H00 locales (05H00 GMT) alors que de nombreux habitants dormaient encore, a affirmé un autre témoin à l’AFP.

« Il y a eu de nombreuses frappes », a-t-il dit en faisant état d’un nuage de fumée à Jebel Attan, au sud-ouest de Sanaa.

Les cibles visées n’ont pas été immédiatement précisées par la coalition.

Mardi, les Houthis ont revendiqué une attaque de drones sur un oléoduc pétrolier dans la région de Ryad. L’Arabie saoudite combat depuis 2015 les rebelles yéménites aux côtés notamment des Emirats arabes unis.

Mercredi soir, le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash avait averti que la coalition anti-rebelles « riposterait avec force » à toute attaque des Houthis contre des cibles civiles comme celle ayant visé mardi des installations pétrolières.

Les frappes aériennes de jeudi sur Sanaa s’inscrivent dans un contexte de montée des tensions dans le Golfe où, en plus de l’oléoduc, quatre navires –deux saoudiens, un norvégien et un émirati– ont été la cible de mystérieux « actes de sabotage » dimanche près des Emirats arabes unis.

M. Gargash a évité de désigner des responsables, prônant « la prudence » et la « désescalade » dans le Golfe.

Mais il a évoqué « une situation difficile en raison du comportement iranien », ajoutant que « l’Iran doit savoir que sa politique suscite de vives inquiétudes ».

« Signes alarmants »

La guerre au Yémen oppose depuis plus de quatre ans des forces progouvernementales, appuyées militairement par Ryad et Abou Dhabi, aux rebelles pro-iraniens Houthis, qui contrôlent de vastes zones de l’ouest et du nord du Yémen dont la capitale Sanaa.

Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires.

Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, selon l’ONU.

Mercredi, l’envoyé spécial de l’ONU au Yémen Martin Griffiths a averti qu’en dépit d’un désengagement rebelle ces derniers jours de trois ports, dont Hodeida (ouest), le Yémenrisquait toujours de sombrer dans une guerre totale.

« Malgré l’importance de ces derniers jours, le Yémen reste à la croisée des chemins entre la guerre et la paix », a déclaré M. Griffiths au Conseil de sécurité de l’ONU.

Le gouvernement yéménite et les Houthis doivent poursuivre le redéploiement des forces dans l’ouest et retourner à la table des négociations pour un accord plus large, a-t-il dit.

« Il y a des signes d’espoir », a souligné le médiateur, mais il y a aussi « des signes alarmants » de guerre.

Selon des témoins, des escarmouches ont été signalées mercredi au sud de la ville de Hodeida, où une trêve relative est en vigueur depuis des pourparlers interyéménites en décembre organisés sous l’égide de l’ONU en Suède.

Le port de Hodeida est crucial pour les importations et l’aide internationale au Yémen où des millions de personnes restent menacées par la famine.

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