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L’aide de Facebook à l’occupation israélienne

Depuis plus d’un an, le site d’investigation américain The Intercept dénonce la collaboration de Facebook avec l’état hébreu. Un article publié fin décembre apporte de nouvelles informations à ce sujet, mettant sérieusement en doute la neutralité du réseau social dans le conflit israélo-palestinien. 

Comme le révélait The Intercept et le rapportait The Guardian, une délégation de Facebook et le gouvernement israélien se sont rencontrés en septembre 2016. L’objectif de cette entrevue : pousser Facebook et les autres réseaux sociaux à censurer les posts incitant à la violence, et avant tout ceux des activistes palestiniens qui protestent contre l’occupation israélienne illégale depuis plusieurs décennies. En juillet 2016, un projet de loi dans ce sens avait également été soumis à la Knesset. 

Suite à cette rencontre, il semble désormais clair que le gouvernement israélien et Facebook ont trouvé un arrangement. En effet, quelques temps après, la ministre israélienne de la Justice, Ayelet Shaked, a déclaré que Tel-Aviv avait soumis 158 demandes afin de faire retirer des contenus considérés comme incitant à la haine. Selon elle, Facebook aurait accepté 95 % des demandes.

Des centaines de Palestiniens arrêtés pour leurs posts Facebook

Dans les semaines suivant cet accord, le « collective Palestinian Information Center » a également constaté qu’au moins 10 comptes des administrateurs de leurs pages Facebook en arabe et en anglais — suivies par plus de 2 millions de personnes — ont été suspendus, et sept d’entre eux de façon permanente.

En mars 2017, Facebook a également brièvement fermé la page du Fatah, pour le post d’une ancienne photo de Yasser Arafat tenant un fusil. 

L’étendue de cette censure est détaillée dans un rapport publié en 2016 par le Centre palestinien pour le développement et les libertés des médias (MADA). Celui-ci liste une vingtaine de comptes de journalistes et d’activistes pro-palestiniens suspendus ainsi que la fermeture de pages du même type.

« Israël ne veut pas que l’histoire palestinienne des violations commises dans les territoires occupés atteigne une audience mondiale », assure, sur Al Jazeera, Musa Rimawi, le directeur du MADA. 

Une branche de l’armée israélienne pour recueillir des renseignements en ligne et surveiller les mots-clés sur les réseaux sociaux

D’ailleurs, parmi les comptes supprimés par Facebook figurent des membres de deux agences qui couvrent l’information quotidienne dans les territoires palestiniens occupés. Quatre éditeurs de l’agence de presse Shehab, qui compte plus de 6,3 millions de « likes » sur Facebook, et trois cadres du Quds News Network, avec environ 5,1 millions de « likes », avaient déclaré en 2016 ne pas avoir accès à leurs comptes personnels. 

Une censure qui s’étend de façon générale aux citoyens palestiniens. Des centaines d’entre eux ont été arrêtés par Israël pour leurs posts Facebook, même pour de simples messages qui critiquent la domination israélienne mais ne soutiennent pas explicitement la violence. Une branche de l’armée israélienne serait d’ailleurs spécialement chargée de recueillir des renseignements en ligne et de surveiller les mots-clés sur les réseaux sociaux.

Il est aussi courant que les Israéliens se servent de Facebook pour inciter à la violence

Le 11 octobre 2015 par exemple, Dareen Tatour, 34 ans, Palestinienne possédant la citoyenneté israélienne, a été arrêtée pour ses messages sur Facebook. Elle avait, entre autres, publié un poème intitulé « Résistez mon peuple, résistez leur. »

Des arrestations dénoncées par l’avocate des droits civils et politiques, Nadeem Shedadeh : «Les nouvelles lois réglementent et empiètent sur la liberté d’expression dans le pays — en particulier pour les citoyens palestiniens — et c’est très inquiétant. »  

Un discours de haine envers les Arabes propagé sur les réseaux sociaux

Mais alors que l’accent est mis sur les propos « haineux » des Palestiniens, il est aussi courant que les Israéliens se servent de Facebook pour inciter à la violence. En 2014 par exemple, des milliers d’Israéliens ont utilisé Facebook pour publier des messages appelant au meurtre de Palestiniens, notamment à travers la page « People of Israel Demand Vengeance », désormais fermée. 

Et le discours de haine contre les Arabes en général a pris de l’ampleur sur Facebook. Des vidéos sur YouTube et Facebook montrent des centaines de foules israéliennes en colère qui chantent, « Mort aux Arabes. » Une autre vidéo montre aussi un juif israélien attaquant un Palestinien dans un bus public et criant: « Des Arabes sales, des enfants de sales meurtriers. »

Pourtant, l’état hébreu semble convaincu que seuls les post d’opposants palestiniens sont une réelle menace à la sécurité. Le 11 juillet 2016, comme le rapporte The Intercept, le centre juridique israélien Shurat HaDin a même poursuivi Facebook devant un tribunal fédéral américain au nom des familles de citoyens américains tués par des assaillants palestiniens en Israël. Pour Shurat HaDin, Facebook aurait « sciemment » apporté un soutien matériel au Hamas parce que le groupe militant palestinien « a utilisé et compté sur la plateforme et les services de communication de Facebook » pour perpétrer des actions terroristes. 

Une plainte qu’un porte-parole de Facebook a jugée « sans fondement. » Les militants palestiniens se défendent également. Pour eux, ce n’est pas tant les réseaux sociaux qui incitent à la violence, mais ce sont surtout les discriminations et l’occupation israélienne dont ils sont victimes depuis des décennies.  

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