Alain Juppé serait le suppo de l’islamisme ? A en croire le camp Fillon — ou en tout cas ses soutiens les plus à droite —, le maire de Bordeaux serait en effet une sorte de soutien aux Frères Musulmans. Une réputation qui s’est construite depuis plusieurs mois. Surnommé « Ali Juppé », le candidat à la primature de la droite et du centre a toujours affirmé vouloir s’imposer avec un modèle « tolérant » mais assure depuis longtemps vouloir rester impitoyable avec les dérives radicales. Pourtant, au fur et à mesure que l’on parcourt les sites de la fachosphère, on s’étonne de voir que Juppé est considéré comme un soutien du frérisme, parfois affublé du sobriquet de « Grand Mufti de Bordeaux. » Las des attaques de la droite dure, le maire de la ville girondine a décidé de contre-attaquer. Alain Juppé dénonce notamment « des attaques franchement dégueulasses. »
Catholique, mais peu pratiquant
Mais d’où vient cette réputation de soutien à l’islamisme, alors que le même Alain Juppé s’était par exemple opposé à la venue de Tariq Ramadan dans sa ville en mars dernier ? Déjà touché par un article publié dans un magazine parodique, indiquant qu’il était musulman, Alain Juppé était sorti de son silence pour rappeler : « Je vous confirme que je suis toujours catholique, même si je ne suis pas très pratiquant ! » En réalité, c’est l’histoire de la mosquée de Bordeaux qui colle à la peau du candidat à la primaire de la droite et du centre. Ou plutôt d’un « centre culturel et cultuel musulman », que la Fédération musulmane de la Gironde (FMG) a prévu de lancer il y a une dizaine d’années. Alain Juppé avait à l’époque affirmé qu’il proposerait un terrain à l’organisation musulmane pour mener à bien la construction de ce lieu, qui devait contenir une salle de prière, une bibliothèque, un restaurant et une salle d’exposition.
Alain Juppé « dans une colère noire »
C’était alors en 2008. Alain Juppé affirmait avoir « d’excellentes relations avec (les) principaux leaders » de la communauté musulmane bordelaise. Dès lors, l’extrême droite et une partie de la droite LR avaient accusé le maire de Bordeaux de vouloir financer le culte musulman. Interrogé par Libération, un proche de Juppé assure que « cette histoire de mosquée, ça le met dans une colère noire. » D’autant que, à droite, on s’échange volontiers des mails et des messages sur Facebook pour dénoncer les liens du maire de Bordeaux avec l’islamisme. Même Jean-Frédéric Poisson a dénoncé la proximité entre Juppé et « des organisations directement liées aux Frères musulmans. » Accusé de vouloir islamiser Bordeaux, Alain Juppé veut traiter ces attaques « par le mépris », indique son équipe au quotidien français. A L’Express, Juppé rappelle qu’il est « baptisé » et déplore l’absence de condamnation de ces attaques de la part de François Fillon.