Depuis le début de l’année, des centaines de personnes entrées illégalement en Algérie ont été arrêtées pour être reconduites aux frontières avec le Niger et le Mali. La dernière vague de reconduites a choqué : entre le 3 et le 13 février, plus de 500 migrants ont en effet été expulsés. Certains ont manifesté devant l’ambassade d’Algérie à Bamako pour dénoncer des actes d’humiliation, de violence et pour le fait d’avoir été lâchés dans le désert.
C’est en effet à Tamanrasset, à près de deux-mille kilomètres au sud d’Alger que les exilés ont été parqués, dans un camp construit en préfabriqués. Ils ont ensuite été forcés de monter dans des bus et des camions, direction la frontière.
L’Organisation marocaine des droits humains, l’AMDH Mauritanie et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme dénoncent des arrestations « arbitraires », souvent au faciès. En 2014, l’Algérie et le Niger s’étaient mis d’accord pour organiser l’expulsion des migrants nigériens. Alger reproche à ces derniers de créer des réseaux de mendicité et d’utiliser des femmes et des enfants pour alimenter des réseaux de trafic et de terrorisme.
Depuis maintenant plus d’un an et demi, les arrestations concernent tous les migrants subsahariens. Le ministre nigérien de l’Intérieur affirme avoir demandé aux Algériens « de ne plus (leur) renvoyer de migrants du Mali, de Guinée et d’autres pays. »
Human Rights Watch (HRW) dénonce de son côté les conditions dans lesquelles les migrants sont expulsés, parfois attaqués par des groupes armés sur la route. Des personnes maliennes et des guinéennes ont été secourues à la frontière, elles étaient « en colère », « apeurées », voire « traumatisés ».