Une tête, des pattes, des entrailles. Tel est l’inventaire peu ragoûtant qu’a rendu public hier la police de Erfurt, une ville du centre de l’Allemagne, à quelque 250 kilomètres au nord-est de Francfort. Ces morceaux de porc ont été découverts plantés sur neuf piquets en bois de 1,5 mètres de long, disséminés sur le site de ce qui sera la future mosquée de la ville, réputée pour son fort ancrage catholique. Cet acte manifestement islamophobe, perpétré au début du mois saint de Ramadan, a conduit les autorités policières à ouvrir une enquête pour déterminer son responsable. « On ne devrait tout simplement pas s’attaquer ainsi à des minorités dans une société civilisée », a commenté Mohammad Suleiman Malik, porte-parole de la communauté musulmane Ahmadiyya d’Erfurt au site d’informations local Thüringen24. Néanmoins, Malik a tenu à préciser que sa communauté « ne réagirait pas à cette provocation par la colère mais par la patience », prenant exemple sur l’attitude du prophète Mohammed (SAWS). Le représentant religieux a même saisi cet incident pour montrer « sa disposition au dialogue avec les critiques ».
« Une attaque à la coexistence pacifique »
Des critiques qui ne s’étaient pas gênés pour exprimer leurs objections quant à l’implantation d’un lieu de culte musulman dans leur cité. A commencer par les incontournables partisans du parti d’extrême droite AfD, dont le leader dans l’Etat de Thuringe – dont Erfurt est la capitale – , Björn Höcke, a déclaré que cette mosquée faisait partie intégrante d’un « projet d’appropriation de nos terres à terme ». En mars déjà, des opposants à la construction avaient placé d’énormes croix en bois sur un site voisin de la zone de construction, en guise de protestation. La communauté Ahmadiyya avait été la cible, l’année dernière, d’une autre levée de boucliers contre un projet de mosquée, à Leipzig, dans la partie orientale de l’Allemagne. Un porcelet mort avait été abandonné sur le chantier d’une mosquée avec les mots « Maman Merkel » peints en rouge – en référence à ses supposées largesses en termes d’accueil des réfugiés en 2015/2016. Pour autant, et au-delà du recours systématique à cet animal impropre à la consommation en Islam, Malik regrette surtout « une attaque à la civilité et à la coexistence pacifique ».