Suite à l’agression d’une enseignante avec une arme factice par un élève à Créteil en octobre 2018, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a été chargé de présenter un plan contre les violences scolaires.
Un groupe de travail doit annoncer plusieurs mesures dès la semaine prochaine dont une idée qui n’est pas nouvelle, celle de couper les allocations aux parents dont les enfants se montrent violents à l’école.
Dans la pratique, les établissements seraient chargés de faire remonter les comportements non appropriés des élèves à l’inspection académique. Cette dernière s’occuperait ensuite de prévenir la Caisse d’allocations familiales pour cesser les versements. Il y aurait cependant plusieurs avertissements avant que les indemnités ne soient totalement coupées.
Cette mesure s’inspire de la loi Ciotti sur l’absentéisme de 2013, abrogée ensuite par le gouvernement Hollande.
Mais celle-ci reste polémique. Elle induit en effet un rapport direct entre les aides financières à une famille dans la précarité et le mauvais comportement d’un jeune.
Elle soulève aussi des questions quant à sa mise en place, notamment concernant les enfants uniques dont les parents ne bénéficient pas des allocations familiales.
« De quel comportement d’élèves parle-t-on? Est-ce que c’est un comportement au sein de l’établissement ou à l’extérieur de l’établissement? Maintenant, est-ce qu’on doit passer par une sanction financière, en particulier si ça devait être au niveau des allocations familiales, qui sont a priori des aides sociales ? » s’interroge sur Europe 1 Philippe Vincent, secrétaire général du premier syndicat de chefs d’établissements (Snpden).
Du côté des parents d’élèves, on reste aussi sceptiques. Cela « transforme des personnels de l’Education nationale en juges chargés de déterminer qui mérite ou non de toucher cet argent », a commenté le coprésident de la FCPE, la principale fédération de parents d’élèves dans les colonnes du Parisien.
Jean-Michel Blanquer avait déjà été interrogé à ce sujet et avait tenté de rassurer en précisant que cette loi s’appliquerait dans la mesure. « Si vous avez une mère de famille seule avec quatre enfants et qui n’arrive pas à s’y prendre, là vous n’allez pas lui charger la barque », avait-il expliqué au micro de la radio en décembre dernier.
« Si vous avez un clan familial qui encourage l’élève à faire n’importe quoi et qui, en plus, prend la défense de l’élève contre les professeurs, là, il faut faire quelque chose », avait-il ajouté.