Des dirigeants de la BBC Liban, d’Al Jazeera et d’autres médias arabes espionnés. C’est, depuis 2017, une réalité. Selon Reuters, un groupe de hackers américains, qui travaillaient auparavant pour les services de renseignement américains, auraient aidé les Emirats arabes unis à avoir des informations sur certaines personnalités au début de la crise du Golfe il y a deux ans.
L’agence de presse décrit ainsi le programme Project Raven utilisé pour espionner les dissidents, les militants des droits humains et des hommes politiques. En janvier dernier, Haaretz avait déjà enquêté sur le matériel d’espionnage israélien qui permettait aux EAU de traquer des dirigeants du Qatar.
Cette fois, l’enquête de Reuters met en cause au moins neuf anciens employés de la NSA et de l’armée américaine. Et le projet Raven n’a jamais cessé, depuis 2017, d’œuvrer puisque selon l’agence de presse, pas moins de dix journalistes, soupçonnés d’avoir des liens avec le Qatar ou les Frères musulmans, ont été victimes de tentatives de piratages cette semaine. Selon Reuters, cependant, ces anciens membres de la NSA et de l’armée américaine ne sont pas forcément mandatés par l’administration Trump.
Parmi les journalistes piratés, on retrouve, entre autres, Giselle Khoury, de la chaîne BBC au Liban. Celle-ci est accusée par les Emirats d’avoir été en contact avec Azmi Bishara, écrivaine qatarienne qui a fondé un journal critique vis-à-vis des EAU. Autre cible de piratage : Faisal al-Qassem, animateur sur Al Jazeera, ou encore Hamad bin Thamer Al Thani, président du conseil d’administration du réseau qatarien.
Raven est devenu, au fil des années, une véritable arme de guerre et de dissuasion contre des opposants. Pourtant, le programme a été créé en 2009 pour permettre aux Emirats de lutter contre le terrorisme. Mais petit à petit, grâce aux espions américains, il s’est tourné vers des dissidents. Avec une cible favorite : Al Jazeera.
Mais en interne aussi, Raven a permis aux autorités de contenir la dissidence. Les militants des droits de l’homme et journalistes critiques vis-à-vis du gouvernement ont eux aussi été ciblés à l’intérieur des EAU. Depuis le début de la crise du Golfe, ils sont sept personnes a avoir été affectées à l’espionnage de citoyens émiriens.