Il veut, dit-il, « élaborer un modèle de gestion » de la diversité de la population corse et a donc décidé de faire « un état des lieux quantitatif » des groupes « culturels » au sein de la population locale. L’explication de Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, est bien tournée. Pourtant, ce qu’il est en train de mettre en place n’est rien d’autre qu’un fichier ethnique et religieux. France 3 Corse indique en effet qu’un questionnaire très étrange a été remis aux élèves de primaire et de secondaire de l’île de Beauté. Un QCM dans lequel les élèves doivent notamment indiquer la langue qu’ils entendent à la maison ou encore, s’ils ont la foi, en quel dieu ils croient. Allah, Dieu et Yahvé font partie des propositions. Ce QCM tente également d’en savoir plus sur les pratiques religieuses et sur le port de signes religieux.
Les syndicats d’enseignants dénoncent le caractère « intrusif » de cette enquête et rappellent que cette dernière est contraire aux principes de laïcité. « Les méthodes sont tout à fait contestables », indique notamment à France 3 Fabien Mineo, délégué départemental du syndicat national unitaire des instituteurs et professeurs des écoles. La chaine rappelle qu’il est interdit d’établir des statistiques ethniques et religieuses en France. Même la Ligue des droits de l’Homme a réagi, expliquant que « mesurer la diversité et les discriminations nécessite de s’interroger sur des données sensibles puis d’opérer un traitement de ces données qui n’aboutisse pas à assigner chacun à une identité définitive et réductrice uniquement liée à l’existence de communautés arbitrairement définies. » Du côté de l’Assemblée de Corse, on parle d’une simple « réflexion de fond sur la problématique de la diversité culturelle » et on explique que l’enquête découle des « récents événements » sur l’île, notamment celui de la plage de Sisco l’été dernier.