Des responsables religieux avaient apporté, l’an dernier, une réponse claire. Car comme l’année dernière, les épreuves du baccalauréat tombent pendant le ramadan. De quoi se poser de nombreuses questions pour les lycéens qui pratiquent le jeûne. Faut-il respecter scrupuleusement les règles religieuses pendant cette période ou peut-on, exceptionnellement, se sustenter pour mettre toutes les chances de son côté ? Et comme l’an dernier, les avis divergent sur la question. Les différents responsables, religieux ou non, tentent de répondre à la question. Du côté de la Fédération nationale de l’enseignement musulman, son président Makhlouf Mamèche expliquait en 2016 qu’il y a « un principe de dérogation, un principe religieux qui permet, dans des situations difficiles, de rompre le jeûne ». Pour lui, « si le jeûne empêche un lycéen de bien se concentrer et qu’il se sent mal, il peut l’interrompre ».
Une fatwa du Conseil théologique musulman de France
La question est tellement présente dans les esprits que même le Conseil théologique musulman de France s’est penché sur celle-ci. Et le verdict est le même qu’à la Fédération nationale de l’enseignement musulman : « L’Islam n’est pas là pour mettre la santé en danger », résume Mohamed Bajrafil, imam à la mosquée d’Ivry-sur-Seine. Le responsable religieux explique en effet que « plus de 19 heures de jeûne, ce n’est pas rien médicalement ». C’est donc logiquement que le Conseil théologique musulman de France a émis, dimanche dernier, une fatwa pour les élèves de terminale les autorisant, s’ils se sentent faibles, à rompre le jeûne. Car au-delà du simple manque d’eau ou de nourriture, c’est aussi la fatigue liée au ramadan qui peut être préjudiciable pour les bacheliers les plus fragiles.
L’imam de Poitiers, Boubaker El Hadj Amor, assure que chaque lycéen fonctionne de façon différente. « C’est pour cette raison que la réponse ne peut pas être absolue et anonyme. C’est une décision personnelle », dit-il. Pour Makhlouf Mamèche, « chacun fait comme il le sent, mais ce n’est évidemment pas une consigne générale de ne pas faire le jeûne ! » Le ramadan est, rappelle l’imam de la mosquée de Poitiers, « vraiment quelque chose de très individuel, une démarche personnelle ». Autrement dit, libre à chacun de choisir de faire une pause si cela met en péril sa réussite au bac. Une chose est sûre : en compensation, une personne qui stoppe le jeûne le temps des épreuves « jeûnera une journée plus tard dans l’année », conclut Boubaker El Hadj Amor. De quoi être en forme pour l’épreuve de philosophie du bac qui débute le 15 juin prochain.