Ce dimanche, les oreilles de l’émir du Qatar ont dû siffler. Invité par l’Arabie saoudite à participer au sommet annuel du Conseil de coopération du Golfe (CCG) — une invitation qui sonnait comme une façon de faire passer le meurtre de Jamal Khashoggi au second plan —, Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani s’est rendu en Malaisie, balayant ainsi d’un revers de la main le geste du roi Salman d’Arabie saoudite.
Et parce que les absents ont toujours tort, même si le ministre du Qatar des Affaires étrangères était présent, il a été question lors de ce sommet… du Qatar. Les organisateurs du sommet ont peu goûté l’absence de l’émir : selon le chef de la diplomatie du Bahreïn, cheikh Khalid ben Ahmed al Khalif, l’émir « aurait dû accepter les demandes justes » des pays ayant imposé un blocus au Qatar « et participer au sommet. »
Du côté de Doha, on tente de montrer qu’on n’est pas à la botte des autres monarchies du Golfe. « Le Qatar est libre de ses choix et avait participé au sommet au Koweït alors que les dirigeants des pays qui le boycottent n’étaient pas venus », a affirmé Ahmed bin Saïd al-Rumaihi, le directeur de l’information du ministère des Affaires étrangères du Qatar.
Le sommet aura été l’occasion, donc, de parler du Qatar. Mais aucune annonce concrète n’a été faite. Critiquer Doha aura permis d’éviter les sujets qui fâchent : l’affaire Khashoggi mais aussi la guerre au Yémen. Le blocus contre le Qatar n’a même pas été évoqué dans le communiqué final du sommet.
Seule information sortie de cette rencontre : la réticence de Riyad à coopérer avec les pays occidentaux. Alors que des mesures ont été prises, notamment par la France et l’Allemagne, contre l’Arabie saoudite, Adel Al Djoubeïr, le chef de la diplomatie saoudienne, a indiqué lors de la conférence de presse de clôture que l’Arabie saoudite n’extraderait pas les ressortissants saoudiens réclamés par la justice turque dans cette affaire.