C’est la lettre ouverte qui a légitimé la colonisation israélienne des terres palestiniennes et le nettoyage ethnique qui s’en est suivi. Un siècle plus tard, la déclaration Balfour, du nom de son auteur Arthur Balfour, va être célébrée lors d’un diner gala à Londres en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de la Première ministre britannique Theresa May.
Pas grand monde ne s’était jusqu’à présent soucié de ce dîner, mais suite au refus du chef de l’opposition Jeremy Corbyn de s’y rendre, une polémique vient d’éclater avec chantage à l’antisémitisme à la clé.
L’ambassadeur israélien à Londres Mark Regev a immédiatement réagi sur la BBC en déclarant que « ceux qui opposent la Déclaration de Balfour démontrent quel genre d’extrémistes ils sont » et que « s’opposer à Foyer national juif, c’est penser qu’il faut détruire Israël. »
Devant la chambre des Communes, Theresa May a déclaré au nom du Parti conservateur être fière « du rôle que nous avons joué dans la création de l’État d’Israël, et nous célèbrerons très fièrement ce centenaire. »
Jeremy Corbyn essuie les attaques du lobby sioniste depuis qu’il a pris la tête du parti travailliste en 2015. Son engagement en faveur des droits des Palestiniens et contre le soutien inconditionnel à Israël lui ont valu des accusations d’antisémitisme récurrentes autant chez lui en Grande-Bretagne qu’à l’étranger. Ce refus de participer à un dîner du lobby pro-israélien n’est d’ailleurs pas le premier. Le mois dernier, il avait décliné une invitation à dîner aux côtés de l’ambassadeur israélien Mark Reguev lors d’un événement organisé par « Les Amis Travaillistes d’Israel ».
La déclaration de Balfour est une lettre de 67 mots envoyée par le ministre britannique des affaires étrangères Arthur Balfour (Conservateurs) au Lord Lionel Walter Rothschild, banquier et financier du mouvement sioniste mondial, dont voici la retranscription.
« Cher Lord Rothschild,
J’ai le grand plaisir de vous adresser, de la part du Gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante, sympathisant avec les aspirations juives sionistes, déclaration qui, soumise au cabinet, a été approuvée par lui.
Le Gouvernement de Sa Majesté envisage de manière favorable l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, soit aux droits et au statut politiques dont les Juifs disposent dans tout autre pays.
Je vous serais obligé de porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste. »
Exprimant des « vives réserves » vis-à-vis d’Israël, Lord Roderick Balfour, descendant de l’auteur de la lettre, a estimé dans un entretien pour le Daily Telegraph que les bénéficiaires n’avaient appliqué que la partie qui les arrangeait en ignorant “cette phrase qu’on ne respecte pas : « Etant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte soit aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine. »
Tout comme Israël célèbrera les terres conquises sur le dos des Palestiniens, ces derniers commémoreront de leur côté la déclaration qui a préparé leur Nakba.