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Coupes budgétaires : quand les collectivités tournent l’austérité en dérision

Les élus locaux, en colère contre les mesures du gouvernement, veulent marquer les esprits…

La mairie, l’école, le gymnase, le centre médical… La mairie de Stains a procédé à une mise aux enchères symbolique de plusieurs de ses bâtiments samedi 28 octobre. Dans une vidéo, on y voit des comédiens jouer une scène d’enchères fictive, juste devant la mairie et des « spectateurs » stanois.

Mais si la mairie a décidé de dénoncer avec humour la baisse du budget des collectivités locales, la situation n’en est pas moins préoccupante pour la commune.

A l’initiative de cette idée originale, Azzedine Taïbi, maire PCF de Stains. 

« J’ai aussi dénoncé avec force les coupes insupportables que le gouvernement a annoncées dès cet été sans aucune concertation (2 millions d’euros en Seine-Saint-Denis, 400 000 euros sur Plaine Commune et 100 000 euros sur Stains, soit 12,5 % de notre enveloppe 2017). C’est inacceptable et encore une fois, la République a décidé de tourner le dos aux villes et quartiers populaires, à ses habitants », écrivait dans un communiqué mi-octobre le maire, également conseiller départemental de Seine-Saint-Denis. 

13 milliards d’euros d’économies à réaliser pour les collectivités

En effet, en juillet dernier, lors de la conférence nationale des territoires,  Emmanuel Macron avait appelé les collectivités à réaliser 13 milliards d’euros d’économies sur la durée du quinquennat. 

Le président avait en conclusion, promis de ne pas couper brutalement les dotations des collectivités en 2018. Une fausse promesse, puisque quelques jours plus tard, l’état décidait finalement d’annuler par décret plus de 300 millions d’euros de dotations qui étaient destinées aux collectivités pour 2017. 

Des coupes budgétaires qui ne sont pas nouvelles, rappelle le maire de Stains. « On n’a pas encore estimé la somme, mais toujours est-il que la ville de Stains a déjà perdu près de 3 millions d’euros entre 2014 et 2017. Sur un budget de 50 millions d’euros, c’est énorme ! », a déclaré Azzedine Taïbi sur Sud Radio.

Pas question d’appliquer une politique d’austérité à la population

Pour lui, pas question d’appliquer une politique d’austérité à la population. Ainsi, le maire dit n’avoir pas augmenté les impôts locaux depuis 2014, tout en maintenant la qualité des services publics. 

Si cet acte de provocation ne suffit pas, le maire a déjà annoncé mener d’autres actions, comme une marche vers l’Assemblée nationale ou des pétitions citoyennes. 

Sur ce fond de tensions entre l’Etat et les collectivités, avait également lieu le congrès des départements mi-octobre. Au sujet du financement des dépenses sociales, la Seine-Saint-Denis a pris une autre mesure symbolique et pas des moindres. Stéphane Troussel, le président du département, a décidé qu’il ne verserait pas le revenu de solidarité active (RSA) de 40 millions d’euros à la Caisse d’allocations familiales en décembre prochain. Un revenu qui devra être compensé par l’état, alors que chaque année, le RSA coûte un quart du budget du département.

Mais depuis quelques semaines, la colère de la Seine-Saint-Denis s’accompagne de la grogne de plusieurs élus locaux en France. Ils critiquent les coupes budgétaires, mais aussi la suppression de la taxe d’habitation (qui a rapporté 22 milliards d’euros aux communes en 2016) et la baisse des emplois aidés. Des mesures qui avait également été annoncées en juillet dernier par le gouvernement. 

Le 27 Septembre dernier, le “Collectif des associations du Franc-Moisin  et autres quartiers à Saint-Denis et d’ailleurs” avait publié une lettre ouverte au Premier ministre Edouard Philippe dans laquelle il dénonçait la déclaration du gouvernement “sans aucune concertation et sans envisager aucune mesure supplétive, que tout cela est coûteux et inefficace et très brutalement décide de réduire à néant ce qui existe.”, tout en l’invitant à venir visiter le travail de terrain qui profite de ces emplois aidés.

Le portrait du président réduit d’un tiers à Grand-Failly

Les maires montent donc au créneau, et ne manquent pas d’inventivité pour inviter le gouvernement à réviser sa copie. Des maires de l’Eure ont suggéré de fermer leurs services publics, en signe de protestation aux différentes mesures. Ainsi à Evreux (27) le 4 octobre, les usagers des cantines, piscines et autres services ont trouvé portes closes. 

En septembre à Frontignan (34), le maire a mis en vente l’hôtel de ville, le cinéma et une école sur Leboncoin, pour 2,5 millions d’euros chacun. 

Quant au maire du petit village de Grand-Failly (54), il a trouvé un autre moyen de marquer les esprits. « Avec humour, sans haine ni violence, j’ai décidé qu’avec un tiers de financement en moins je mettrai donc 1/3 de photo d’Emmanuel Macron en moins », expliquait-il sur France 3 début octobre. Le maire avait en effet coupé d’un tiers le portrait d’Emmanuel Macron affiché dans sa mairie, et ce correspondant au volume de dotations de l’état manquantes au budget de sa commune. 

Critique du Projet de Loi de Finance 2018, l’Association des Maires de France (AMF) a de son côté dénoncé des “règles drastiques en termes d’économies sur le budget de fonctionnement des collectivité”  et le “dialogue de sourds” qui a émaillé les discussions.

Pour le moment, le gouvernement semble rester ferme sur sa position. Il a notamment décidé d’instaurer un système de bonus-malus pour les collectivités locales. Celles qui feront les économies prévues pour chaque budget ne verront pas leurs dotations diminuer et si elles parviennent à faire davantage d’économies, elles auront droit à des dotations supérieures. Une mesure qui devrait entrer en vigueur en 2019.

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