Dans le numéro de Charlie Hebdo sorti ce mercredi, il y a plus choquant que la une : un édito signé Riss qui accuse chaque musulman d’être coupable, à sa manière, des attentats.
Dans un numéro à la couverture très critiquée, représentant le chanteur Stromae et les morceaux de son père — tué au Rwanda — éparpillés après les attentats en Belgique, Riss prend la plus pour livrer son édito hebdomadaire. Et qui dit attentats à Bruxelles dit évidemment Tariq Ramadan. Le lien ? La venue du professeur à Saint-Germain-en-Laye. « On nous colle le nez sur les gravats de l’aéroport de Bruxelles. (…)Pendant ce temps-là, personne ne regarde ce qui se passe à Saint-Germain-en-Laye », écrit Riss qui semble voir là un complot des médias pour détourner notre attention.
Haro sur les sandwiches au thon
Tariq Ramadan, donc, inquiète Riss. « Les attentats sont la partie émergée d’un gros iceberg. Ils sont la dernière phase d’un processus », souligne-t-il. Autrement dit : l’islamologue vend les attentats, les terroristes — ses petites mains — s’occupent du service après-vente. « Tariq Ramadan ne prendra jamais une Kalachnikov, (…) d’autres le feront à sa place. » Mais attention, n’y voyez pas une obsession à la Caroline Fourest : Tariq Ramadan n’est pas le seul coupable, non. Il y a aussi « cette femme voilée qu’on ne saurait montrer du doigt sans craindre l’esclandre » ou encore « ce boulanger à la longue barbe qui a remplacé le jambon beurre par des sandwiches au thon » sans qui — si « aucun de ceux-là ne mettra une bombe » — « ce qui va arriver à Bruxelles ne pourrait avoir lieu. »
Résumons donc la pensée de Riss : les attentats de Bruxelles, comme ceux, certainement, de Paris, de Grand-Bassam, d’Ouagadougou ou de Lahore, sont dû à des femmes voilées qu’on ne peut pas critiquer — sauf lors du lancement du Printemps républicain ou lorsqu’on est ministre du gouvernement Valls —, des boulangers qui ne se rasent pas et ne vendent pas de sandwiches au jambon et d’un professeur qui serait « juge et parti », parce qu’on ne peut pas enseigner l’Islam en étant musulman, selon Riss. Tous, dit-il, « inspirent la crainte et la peur. » Car « depuis la boulangerie qui vous interdit de manger ce que vous aimez à cette femme que vous préféreriez sans voile, le terrorisme commence là son travail de sape. » Riss écrit que « la première mission des coupables est de culpabiliser les innocents, d’inverser les culpabilités. » Y a pas à dire, même chez Charlie, ce sont les meilleurs qui sont partis les premiers.