Selon un comptage des autorités judiciaires consulté par l’AFP, une arrestation sur cinq effectuée en Chine en 2017 a eu lieu au Xinjiang, bien que ce territoire – grand comme trois fois la France – ne rassemble que 2% de la population chinoise.
Il s’agit d’une forte augmentation par rapport à la décennie précédente quand cette région, terre de plusieurs minorités d’obédience musulmane, ne totalisait que 2% de toutes les arrestations en Chine en 2007.
Après une série de sanglants attentats attribués aux Ouïghours, les autorités ont imposé ces dernières années des mesures draconiennes au Xinjiang, frontalier de l’Asie centrale, de l’Afghanistan et du Pakistan.
Le régime chinois est soupçonnée d’avoir fait interner jusqu’à un million de personnes, essentiellement issues des minorités ouïghoure et kazakhe, dans des camps de rééducation. Pékin dément ce chiffre et parle de « centres de formation professionnelle » pour lutter contre la radicalisation islamiste.
« En plus des camps d’internement, nous pensons que certains ont été jugés secrètement et envoyés en prison sans chefs d’accusation connus », observe Patrick Poon, d’Amnesty International.
Le nombre des cas liés à la « mise en danger de la sécurité publique » a atteint 60.510 en 2017, contre seulement 1.710 dix ans auparavant, selon un rapport annuel rendu public par la Cour populaire suprême du Xinjiang.
Cette accusation vague regroupe aussi bien les rassemblements sans autorisation officielle que des attaques au couteau.
« De nombreuses affaires dites de terrorisme, qui impliquent presque toujours des minorités ethniques, ne sont pas soumises aux procédures judiciaires appropriées », selon la chercheuse Frances Eve, de l’association Défenseurs chinois des droits de l’Homme.
« Ces verdicts sont souvent préparés avant le début des procès : des fonctionnaires du gouvernement ou du Parti communiste chinois décident des peines mais pas les juges », affirme-t-elle.
« Un jugement équitable » de la part d’un juge au Xinjiang est impossible à imaginer, écrit quant à lui dans un article du New York Times consacré au sujet Donald C. Clarke, un connaisseur des détentions dans cette région.