L’Autorité palestinienne boycotte cette réunion, baptisée « De la paix à la prospérité », à laquelle participent en revanche les puissances régionales du Golfe, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis et au cours de laquelle les Etats-Unis présenteront le volet économique de leur plan de paix pour le Proche-Orient, attendu depuis longtemps.
Les Israéliens ont annoncé leur participation mais n’ont pas précisé s’ils allaient envoyer une délégation officielle ou simplement des hommes d’affaires à Bahreïn, pays avec lequel ils n’ont pas relations diplomatiques.
Pour Hussein Ibish, chercheur à l’Arab Gulf States Institute de Washington, les pays du Golfe « ont bien conscience qu’une conférence sur le développement palestinien sans les Palestiniens et sans participation officielle d’Israël est ridicule ».
« Je pense qu’ils veulent surtout obtenir des bons points de la part de l’administration Trump, spécialement en ces temps de tension avec l’Iran », a-t-il assuré à l’AFP.
« Ils savent que cela ne va déboucher sur rien, et c’est pour eux une façon de coopérer avec Washington qui ne coûte rien, puisqu’ils peuvent le faire sous couvert d’aider les Palestiniens, dans un contexte où rien de concret ne sortira ».
L’équipe américaine, emmenée par le gendre et conseiller du président américain Jared Kushner, va révéler les détails de son plan économique. L’administration américaine a indiqué samedi qu’elle espérait lever plus de 50 milliards de dollars et créer un million d’emplois pour les Palestiniens en dix ans.
En l’absence des principaux intéressés, la conférence ne devrait pas parvenir à des résultats tangibles, estiment les experts, mais cela permettra à l’administration américaine de tenter de rapprocher les Etats du Golfe de leur allié principal dans la région, Israël, dans le cadre d’une alliance anti-iranienne.
« Je ne pense pas (…) que l’absence des dirigeants palestiniens (…) contrarie en quoi que ce soit la volonté américaine de fortifier l’alliance naissante, encore officieuse, qui réunit les Etats-Unis, Israël et certains pays du Golfe contre l’Iran », estime l’analyste spécialiste du Moyen-Orient Neil Partrick.
« Les priorités de sécurité nationale de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de Bahreïn face à l’Iran pèsent bien davantage que la pression idéologique qu’a fait un temps peser la cause palestinienne sur les dirigeants arabes », a-t-il précisé à l’AFP.
« De sous la table à sur la table »
« Si vous voulez unir tout le monde contre l’Iran, vous devez faire avancer le processus de paix » entre Israël et les Palestiniens, estime pour sa part Yoel Guzansky, ancien directeur de la section « pays du Golfe » au Conseil national de sécurité israélien.
Israël a intensifié l’an dernier ses efforts en vue de resserrer ses liens avec les pays du Golfe, sans toutefois l’admettre officiellement. En octobre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait sa première visite à Oman.
Quelques jours plus tard, la ministre israélienne des Sports Miri Regev a visité la fameuse mosquée Cheikh Zayed à Abou Dhabi, alors que le ministre israélien des Communications, Ayoub Kara, prononçait un discours à une conférence à Dubaï.
L’an dernier, dans un entretien au magazine américain The Atlantic, le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed ben Salmane a déclaré que les Israéliens, tout comme les Palestiniens, « ont le droit de posséder leur propre terre ».
Pour Hussein Ibish, toutefois, « un vrai rapprochement entre Israël et les Etats du Golfe, ouvert et significatif n’est pas à l’ordre du jour » tant que le processus de paix restera au point mort et que la question de Jérusalem n’est pas réglée.
Et selon Yoel Guzansky, « il est encore difficile de passer d’accords discrets, sous la table, à un accord en bonne et due forme, sur la table ».
Les dirigeants palestiniens sont extrêmement suspicieux à l’égard de Jared Kushner, un ami de la famille Netanyahu, et du président Trump, qui a reconnu Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu.
Des responsables américains ont laissé entendre que le plan de paix final, qui ne devrait pas être révélé avant le moins de novembre, pourrait ne pas mentionner la création d’un Etat palestinien indépendant, rompant avec la ligne suivie par la diplomatie américaine ces dernières décennies.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré samedi que « la situation économique ne doit pas être discutée avant qu’il y ait une discussion de la situation politique ».