Un général israélien a rappelé les horreurs de la Shoah dans un discours de commémoration et appelé, à demi-mots, son armée à redevenir exemplaire.
Le général en chef adjoint d’état-major de l’armée israélienne, Yaïr Golan, a prononcé un discours fort ce mercredi 4 mai, lors des commémorations de la Shoah. Celui-ci a, à demi-mots, fait part de ses inquiétudes quant à l’attitude de l’armée israélienne et à ses « processus nauséabonds », comparables à ceux qui étaient utilisés « en Allemagne, il y a 70, 80, 90 ans. » Une question « qui fâche », a indiqué Yaïr Golan, mais qu’il est « essentiel » de traiter aujourd’hui.
« Rien de plus facile que de haïr l’étranger »
« La Shoah doit nous faire profondément réfléchir à la responsabilité de nos dirigeants et à la qualité de notre société, et doit nous amener à réfléchir à la façon dont nous traitons, ici et maintenant, l’étranger, l’orphelin et la veuve », a-t-il développé. En ligne de mire, les relations entre Israéliens et Palestiniens. « Il n’y a rien de plus simple et de plus facile que de haïr l’étranger (…), de susciter la peur et d’intimider (…), de devenir bestial, d’oublier les principes et d’être content de soi », a affirmé le général.
Il y a un peu plus de huit décennies, c’est la haine de l’étranger, et plus généralement de l’autre, qui a amené à l’une des plus grosses tragédies de l’histoire. « En ce Jour de la Shoah, nous devrions débattre de notre capacité à éradiquer l’intolérance, la violence, l’auto-destruction et la détérioration morale », a poursuivi Yaïr Golan, qui a appelé les Israéliens à devenir exemplaires : « Nous devrions nous demander quelle est la raison qui nous a poussés à revenir sur notre terre, ce qu’il est juste de sanctifier et ce qui ne l’est pas, et, de manière plus importante, comment faire de notre destin une lumière pour les autres nations et servir d’exemple au monde », a affirmé le général.
« Prendre ses responsabilités »
Un discours qui, s’il a largement été partagé dans le monde entier, n’a pas plu à la droit israélienne. Quelques jours après le procès d’un soldat accusé d’avoir abattu un Palestinien alors que ce dernier était à terre et quelques jours après la libération de la plus jeune prisonnière palestinienne, qui n’avait que 12 ans, Yaïr Golan a ajouté : « L’armée israélienne a toujours été fière de sa capacité à enquêter impartialement sur des faits problématiques et à prendre ses responsabilités autant dans ce qui est bien, que dans ce qui est mauvais et inacceptable. »
Malgré cette dernière nuance, Naftali Bennett, dirigeant du parti nationaliste Foyer juif et ministre du gouvernement de Benyamin Netanyahu, n’a pas apprécié que le général compare les « soldats à des nazis. » Yaïr Golan a rapidement été sommé de « clarifier » son discours. Ce dernier a dû préciser qu’il n’avait « aucune intention de comparer l’armée et l’Etat d’Israël aux horreurs qui s’étaient déroulées en Allemagne il y a soixante-dix ans. » « L’armée israélienne est une armée morale qui respecte la dignité humaine », a-t-il ajouté. Le Premier ministre s’est félicité que le général « ait réparé cette erreur. »