L’élection de Hassan Rohani, en 2013, avait facilité les négociations avec les Etats-Unis. Rohani est en effet l’ancien négociateur en chef sur le dossier du nucléaire, et en 2004, il avait accepté de suspendre l’enrichissement d’uranium. De quoi donner des gages à Barack Obama. L’accord sur le nucléaire iranien est-il aujourd’hui menacé ? Celui-ci prévoit notamment la limitation par l’Iran de son programme nucléaire en limitant l’enrichissement d’uranium et la production de plutonium, un renforcement des contrôles en contrepartie de la levée des sanctions internationales contre l’Iran de manière progressive, notamment des avoirs gelés à l’étranger qui représentent environ 135 milliards d’euros. Une levée des sanctions bénéfique pour l’économie iranienne, mais également pour d’autres pays. La France, par exemple, a pu vendre pour 20 milliards de dollars d’Airbus au pays perse. Et ce n’est qu’un début, car l’organisation iranienne de l’aviation civile devrait avoir besoin de 500 avions de ligne dans la prochaine décennie.
Le secrétaire à la Défense estime que l’Iran est une menace
Sauf qu’aujourd’hui, avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, les relations entre l’Iran et les Etats-Unis risquent de se compliquer. En effet, la nomination de James Mattis au poste de secrétaire à la Défense des Etats-Unis risque de marquer un tournant. Ce général à la retraite, connu pour ses déclarations qui ont scandalisé l’opinion publique — il n’avait pas hésité à déclarer qu’il était « amusant de tirer sur certaines personnes » et avait, en 2003, conseillé aux marines en Irak d’être « polis » et « professionnels », mais « prêts à tuer » —, préconise de « déchirer » l’accord sur le nucléaire iranien qui, selon lui, ne peut empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire mais permet simplement de ralentir le processus d’enrichissement. Il est allé plus loin lors d’un discours prononcé au Centre pour les études stratégiques et internationales de Washington en affirmant que le plus grand danger ne venait pas des organisations terroristes, mais de Téhéran qui constitue, disait-il, « la menace la plus persistante contre la stabilité et la paix au Moyen-Orient. »
« L’accord nucléaire est entériné »
Alors, James Mattis sera-t-il l’homme qui mettra fin à douze années de négociations houleuses entre l’Iran et grandes puissances ? En tout cas, du côté iranien, on estime que l’accord entre les USA et le pays perse ne peut être remis en question. Le Président Rohani rappelle que « l’accord nucléaire est entériné, il a été approuvé au Conseil de sécurité de l’ONU et est devenu un document international. C’est un accord multilatéral et cela n’a pas de sens de vouloir le renégocier. » Le directeur de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran (OEAI), Ali Akbar Salehi, a prévenu : « Nous pouvons très facilement revenir à la normale, et retourner non seulement au même niveau qui était le nôtre, mais aussi à un niveau bien plus élevé sur le plan technologique. » Les Iraniens ne veulent évidemment pas que cet accord soit rompu, mais se disent « préparés » à cette éventualité avec l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche.