Il avait promis sa fermeture — il avait signé un décret au lendemain de son investiture en 2009 —, mais il n’a jamais tenu son engagement. Barack Obama avait assuré vouloir mettre un terme à Guantanamo, la prison, qui a accueilli, depuis son ouverture en janvier 2002, près de 800 détenus venus d’une cinquantaine de pays.
Pourquoi l’ancien président n’a-t-il jamais réussi à tenir sa promesse ? Par pression du Congrès mais également par peur de voir les charges contre les détenus abandonnées devant des tribunaux fédéraux, Obama avait signé en 2011 un décret présidentiel prévoyant le maintien en prison — pour une période indéfinie et sans procès — de 47 détenus jugés dangereux.
De son côté, lors de la dernière campagne présidentielle, Donald Trump avait, lui, fait la promesse inverse : maintenir la prison de Guantanamo. Le locataire de la Maison-Blanche a fini par signer un décret ordonnant entre autres, au ministre de la Défense, Jim Mattis, de maintenir ouvertes les installations carcérales de Guantanamo.
Bientôt de nouveaux détenus à Guantanamo ?
Donald Trump bénéficie, sur ce sujet, du soutien inconditionnel des Républicains. Sous couvert du lutte antiterroriste, Donald Trump a réussi son coup. « Je demande au Congrès de s’assurer que dans la lutte contre Daesh et Al-Qaïda, nous continuons à disposer du pouvoir nécessaire pour détenir les terroristes où que nous les chassions, où que nous les trouvions, et dans de nombreux cas, pour eux, ça sera maintenant Guantanamo Bay », a déclaré le président américain.
Il reste aujourd’hui 41 détenus dans cette prison exempte de toute législation. Ces prisonniers ne font l’objet d’aucun chef d’accusation, mais leur libération est impossible car ils sont toujours supposés dangereux. Alors que le décret d’Obama refusait que de nouvelles personnes soient envoyées à Guantanamo, Donald Trump envisage en effet d’envoyer de nouveaux détenus à l’est de Cuba où ils pourront être torturés, et ce malgré l’interdiction signée par Obama de recourir à des « techniques avancées d’interrogatoire. »
« Lorsque la première puissance légalise la torture et les assassinats, cela envoie un message aux dictateurs »
Pour Moazzam Begg, ancien détenu de Guantanamo et porte-parole de l’association CAGE, « cette annonce n’est pas une surprise. Donald Trump avait annonce son intention pendant sa campagne. Il affirme impunément que la torture ‘marche’. Les drones de Trump ont déjà assassiné plus de personnes en un an que ceux d’Obama en huit ans, la plupart sont des civils. Lorsque la première puissance légalise la torture et les assassinats, cela envoie un message aux dictateurs : ‘Si nous le faisons, vous pouvez aussi.’ Trump exacerbe les causes du conflit au lieu d’y remédier. »