Selon l’avocat des proches d’Adama Traoré, plusieurs pièces manquent au dossier d’instruction sur le décès du jeune homme le 19 juillet. Il interpelle la justice.
Connaîtra-t-on un jour la vérité sur les circonstances de la mort d’Adama Traoré ? Depuis le 19 juillet, les versions contradictoires se sont enchaînées. Les proches et soutiens ont lancé le hashtag #VeriteEtJusticePourAdama. Alors qu’un procès verbal, qui a fuité dans L’Obs, indiquant que les policiers ont « employé la force strictement nécessaire pour le maîtriser » précise qu’Adama Traoré a « pris le poids » des corps de trois policiers au moment de son interpellation, Mediapart indique que plusieurs documents manques au dossier d’instruction, à commencer par le rapport d’intervention détaillé du Samu et celui des pompiers. La famille du défunt envisage de porter plainte pour « dissimulation de preuves. »
La justice veut-elle vraiment la vérité ?
Selon l’un des avocats des proches d’Adama Traoré, Yassine Bouzrou, outre les deux rapports, l’expertise de la voiture de gendarmerie n’a pas non plus été versée au dossier. « Entre l’interpellation d’Adama Traoré à 17h45 et le constat de son décès à 19h05, nous n’avons aucun témoignage autre que ceux des gendarmes pour savoir ce qui s’est passé », résume l’avocat pour montrer les conséquences pour l’enquête de l’absence de ces documents. Réponse du procureur de la République à Pontoise, Yves Jannier : « Si ces documents ne sont pas actuellement dans le dossier, c’est parce qu’ils sont en train d’être recueillis ou font l’objet des investigations en cours dans le cadre de la commission rogatoire. »
Une réponse qui ne satisfait pas Yassine Bouzrou, qui s’étonne d’un tel délai… « Qui peut croire que des médecins et des pompiers aient besoin de quinze jours pour rédiger un rapport ? », demande-t-il, assurant que ces rapports auraient dû être versés au dossier « le jour même. » Mais alors, pourquoi l’affaire traine-t-elle autant ? L’avocat a sa petite idée… Selon lui, les enquêteurs ne souhaitent « pas arriver à la vérité. » Le juriste dénonce un « vrai problème judiciaire. » Pointant un « dysfonctionnement », il estime que « l’enquête qui a été menée au départ n’était pas une enquête sérieuse » et que « le juge d’instruction indépendant ne dispose pas des éléments. »