Dans « C polémique », l’émission de France 5, Pascal Bruckner a déploré qu’on n’ait pas le droit de critiquer l’Islam aujourd’hui en France. Une phrase étonnante, qui n’est pas sans rappeler les affirmations des membres du Front National qui, sur les plateaux de télévision, déplorent le fait de ne pas être invités… à la télévision ! Voici pourquoi Pascal Bruckner a tort. Tout d’abord, il suffit de voir le nombre de fois où l’on parle — pour le critiquer — d’Islam dans les magazines.
#Bruckner nous explique qu’aucun média ne peut aujourd’hui critiquer l’Islam en France #CPolemique 👇🏼👇🏼 pic.twitter.com/Gf1sHf8hSi
— Nizarr Bourchada (@NizarrBourchada) February 19, 2017
En 2012, Le Point titrait, en une, sur « cet Islam sans gêne. » Depuis, la presse n’a cessé de critiquer l’Islam. Et elle en a le droit, même si cela semble aujourd’hui frôler l’obsession et que de nombreuses erreurs soient généralement commisses dans le traitement de l’information. Il y a quelques années, Rokhaya Diallo s’étonnait que les musulmans soient « confrontés à cette surexposition négative » et « placés dans une remise en cause permanente de leur légitimité, matérialisée par ce message implicite : ‘Vous n’êtes pas chez vous, vous n’êtes pas comme nous’. » « Or comment désigner cet enchaînement de propos ou attitudes hostiles à l’islam répétées de manière continuelle par tous les médias ? N’est ce pas la définition même du harcèlement ? », demandait-elle. Acrimed dénonçait pour sa part le fait que les musulmans ne soient pas interrogés pour ces dossiers liés à l’Islam dans la presse. Dans son étude « Islam, objet médiatique », Moussa Bourekba, chercheur au Centre de Barcelone pour les Affaires Internationales, recense les nombreuses fois où l’Islam est traité par les médias. « Le traitement de l’Islam dans l’actualité nationale est caractérisé par un recours croissant aux terminologies originellement propres à l’actualité internationale. Par exemple, les termes ‘fondamentaliste’, ‘rigoriste’ et ‘salafiste’ – récurrents dans l’actualité internationale – sont utilisés aux mêmes périodes (voire au-delà) dans le traitement de l’actualité nationale (question du voile, islam dans les banlieues, etc.). » Force est de constater que, contrairement à ce que dit Pascal Bruckner, on peut librement critiquer l’Islam en France. Pire, le débat est confisqué par une partie de la presse qui fait de l’Islam un sujet récurrent. Le Point, Valeurs Actuelles, et bien d’autres médias parlent jour après jour d’Islam. Et le contenu de ces magazines n’est pas forcément très complaisant avec la religion musulmane…