Dans son numéro consacré au financement de l’Islam, L’Obs dévoile l’existence d’une « cellule » animée par le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler. Toutes les six semaines, précise l’hebdomadaire, cette cellule se réunit. Parmi ses membres, « une vingtaine de personnes », indique encore L’Obs, qui cite notamment le nom de Hakim El Karoui, qui a publié un rapport intitulé « Un Islam français est possible » avec l’Institut Montaigne et qui se rêve en Monsieur Islam de France. L’ancienne sénatrice Bariza Khiari, qui traite des questions d’Islam au sein d’En Marche !, est également de la partie. Au sein de la cellule, on trouve aussi des juristes, des conseillers d’Etats, des conseillers de l’Elysée et du ministère de l’Intérieur.
Que peuvent bien se dire ces vingt personnes lors des réunions ? Peu d’informations ont filtré, si ce n’est que, selon L’Obs, elles ont déjà parlé devant le président de la République lui-même à deux reprises. « Lui se contente d’écouter, mais ne commente pas », assure le journaliste. Et parmi les sujets évoqués, les propositions avancées par l’institut Montaigne lors de la campagne d’Emmanuel Macron, comme l’idée d’un concordat étendu à toute la France ou celle d’un grand imamat. Mais comme le soulignait déjà à l’époque l’islamologue Rachid Benzine, la plupart des pistes évoquées par l’institut sont contraires à la loi de 1905.
Une nouvelle organisation pour collecter la zakat, les taxes halal et Hajj ?
Le magazine croit cependant savoir que la cellule a avancé sur le sujet du financement du culte. Lors des réunions, le groupe de vingt aurait avancé l’idée d’une structure réunissant des « musulmans modérés » (sic). Une idée signée… Hakim El Karoui. Il y a un an et demi, ce dernier imaginait déjà une fondation faisant le lien entre l’Etat et d’un côté le CFCM, de l’autre des « musulmans ‘nouvelles générations’ » nommés par l’Etat. Cet organisme serait en charge de la collecte de la zakat et de la fameuse taxe halal, jugée impossible pas de nombreuses personnalités. Une taxe qui serait également étendue aux pèlerinages, dont les tarifs sont pourtant déjà exorbitants.
L’objectif : la transparence. Mais sans que l’Etat ne perde sa mainmise. Hakim El Karoui veut également imposer une « neutralité » qui, dit-il, manque cruellement au CFCM. Pour prendre la tête de cette nouvelle organisation, le membre de l’institut Montaigne se verrait bien trouver des « musulmans laïques ». Mais là encore, un gros problème de représentativité risque de se présenter : après la nomination de Jean-Pierre Chevènement à la tête de la Fondation de l’Islam de France, l’Etat pourrait une fois encore viser à côté en nommant des personnalités trop politiques et éloignées du terrain. Ce qui serait une énième erreur.