Il avait été torturé par des militaires avant d’être exécuté ou de mourir de ses blessures. Mais le décès de Maurice Audin, militant communiste pour l’indépendance de l’Algérie, est toujours resté flou. Ce jeudi, Emmanuel Macron a déclaré, à propos de ce militant arrêté en 1957 en pleine bataille d’Alger alors qu’il avait 25 ans, que « sa mort a été rendue possible par un système légalement institué. » Une façon de montrer la responsabilité de l’Etat français dans cette affaire.
Colonel à l’époque, Paul Aussaresses avait, en 2013, avancé sa version des faits. Il avait alors répondu aux ordres du général Massu qui voulait « exécuter Audin pour l’exemple » et pour que les communistes « arrêtent de faire des attentats spectaculaires. » A un journaliste, le militaire avait même avoué que Maurice Audin avait été « tué au couteau pour faire croire que c’étaient les Arabes qui l’avaient tué. »
Ce jeudi, Emmanuel Macron affirme, à propos des actes commis par l’armée française, que « la République ne saurait (…) minimiser ni excuser les crimes et atrocités commis de part et d’autre durant ce conflit. La France en porte encore les cicatrices, parfois mal refermées. »
Après avoir indiqué en Algérie que la colonisation était « un crime contre l’Humanité », le président de la République française indique qu’il fera « ouvrir à la libre consultation tous les fonds d’archives de l’Etat qui concernent ce sujet » et a même lancé un appel à témoins. « L’approfondissement de ce travail de vérité doit ouvrir la voie à une meilleure compréhension de notre passé, à une plus grande lucidité sur les blessures de notre histoire, et à une volonté nouvelle de réconciliation des mémoires et des peuples français et algérien », conclut dans sa déclaration Emmanuel Macron.
Plus de six décennies après la mort de Maurice Audin, c’est un soulagement pour sa famille qui se félicite que le président « désigne également la pratique de la torture pendant la guerre d’Algérie par les militaires français pour ce qu’elle a été, un outil politique de répression et de terreur contre tous ceux qui luttaient pour l’indépendance de l’Algérie. » « Cette déclaration s’inscrira dans le combat contre la torture comme outil de répression et de terreur partout où elle est pratiquée dans le monde », estime Josette Audin, la veuve du militant communiste.