Chaque année, une révélation montre l’influence de Jared Kushner, le gendre de Donald Trump et l’un de ses plus proches conseillers, sur la politique étrangère américaine. En juillet 2017, la presse US nous apprenait que le gendre de Trump avait négocié, sans succès, une transaction financière avec le Qatar avant de l’isoler diplomatiquement. Dans cette affaire, Jared Kushner et son père Charles étaient accusés d’avoir voulu mettre le Qatar à l’index après l’échec d’une opération d’investissement en collaboration avec l’ancien Premier ministre de l’émirat, le Cheikh Hamad bin Jassim al-Thani.
Plus récemment, le journaliste Bob Woodward a lâché une nouvelle bombe contre le beau-fils décidément influent. Dans son nouveau livre «Fear», il raconte les efforts de Kushner, au début de l’année 2017, pour encourager une alliance entre Israël et l’Arabie saoudite. Si des hauts responsables ont poussé Donald Trump à participer à des négociations, l’idée vient directement de Jared Kushner. Selon Woodward, le gendre du président américain a discuté de la question avec Derek Harvey, un colonel militaire à la retraite responsable de la politique du Moyen-Orient au Conseil national de sécurité lors de la première année du mandat de Trump.
Trump devait convaincre MBS de se rapprocher de Netanyahu
Le voyage de Donald Trump en Arabie saoudite était donc tout sauf un hasard. Officiellement, le président américain voulait « rassembler le monde musulman. » Officieusement, il voulait évoquer la question d’un rapprochement entre Israël et la famille royale saoudienne. Dans son livre, Woodward indique que Kushner entretient des liens étroits avec les plus hauts responsables du gouvernement israélien, dont le Premier ministre Benyamin Netanyahu. Trump avait pour mission de convaincre le prince héritier d’Arabie saoudite du bien-fondé d’une telle alliance. Mais l’ancien chef des services de renseignement, Mohammed bin Nayef (MBN), avait une interprétation différente de la situation, selon Woodward.
Le journaliste écrit en effet que MBN a indiqué aux Américains que « favoriser le jeune MBS causerait des frictions au sein de la famille royale. » Qu’importe : Kushner et Harvey ont fait pression pour qu’un sommet majeur se tienne en Arabie saoudite et ont estimé que MBS devait devenir leur principal interlocuteur. Mais l’initiative n’a pas plu au secrétaire à la Défense, James Mattis, sceptique quant à la stratégie engagée par Kushner. Mais lors de son voyage à Riyad, Donald Trump a bel et bien suivi à la lettre le plan de son gendre. D’après Woodward, le rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite reste un objectif majeur de l’administration Trump. Problème : le plan de paix proposé à la Palestine semble impossible à mettre en œuvre : si MBS soutient l’initiative américaine, au sein de la famille royale, certaines voix expriment leur scepticisme quant à un rapprochement avec l’Etat hébreu.