C’est ce qui s’appelle une belle illustration de l’expression « sortir par la porte et entrer par la fenêtre ». Face à la multiplication des décisions de justice qui entravent, depuis février dernier, la mise en place du « Muslim Ban » – décret d’interdiction d’entrée sur le territoire américain à l’encontre de ressortissants de six pays (à majorité) musulmans -, l’administration de Donald Trump est parvenue à contourner l’obstacle en publiant, hier soir, les nouvelles exigences relatives au dépôt et à l’instruction des demandes de visa dans les représentations consulaires à l’étranger. Désormais, toute personne désireuse d’effectuer un séjour (court ou long) aux Etats-Unis devra, lors de sa demande, révéler ses différents pseudonymes utilisés sur les réseaux sociaux depuis les cinq dernières années, de même que le contenu de son curriculum – tant privé (nom des proches, lieux d’habitation,…) que professionnel – et ce au cours… des quinze dernières années ! En dépit des critiques formulées à son encontre pour sa complexité et sa longueur, et des craintes exprimées par le corps universitaire quant à ses effets dissuasifs sur les étudiants et les scientifiques étrangers de venir aux Etats-Unis, ce projet de révision a officiellement été approuvé le 23 mai dernier.
Pas de droit à l’erreur
Le Département d’Etat l’assure : « Cette information est indispensable pour confirmer l’identité et pour mener à bien un processus de sélection plus rigoureux ». Selon le ministère dirigé par Rex Tillerson, ce processus sera appliqué aux demandeurs « dont il a été établi qu’ils nécessitaient une analyse plus poussée du fait de leur connexion avec des activités terroristes ou tout autre problème de sûreté nationale pouvant surgir de l’octroi du visa ». Certes, les réponses aux nouvelles questions du formulaires ne sont pas obligatoires. Du moins en principe. Car dans les faits, une non-réponse alimentera très probablement les suspicions consulaires et les risques de refus, sans parler de la prolongation du processus. Ces nouvelles dispositions complexifient ainsi un processus de sélection réputé être déjà parmi les plus stricts au monde. Et prohibent, tout en en augmentant les risques, le droit à l’erreur ou à l’oubli, même non intentionnels.