En temps normal, à Paris, les inconditionnels d’Uber, l’application de mise en relation entre chauffeurs de véhicules privés et passagers, n’ont aucun mal à voir leur demande de trajet satisfaite, même en pleine nuit. Mais depuis samedi dernier, la célèbre appli créée et dirigée par Travis Kalanick a enregistré une chute brutale du nombre de chauffeurs disponibles dans la capitale, entraînant mécaniquement pour ses usagers un pic dans le prix des courses. La cause ? Ramadan ! Si la société californienne a confié au Parisien que cette pénurie transitoire n’est pas le fait du seul mois saint musulman, puisque « les chauffeurs se déconnectent aussi de l’app lors de certains évènements culturels ou sportifs », il n’en élude pas moins la possibilité que ces sérieuses perturbations risquent de se prolonger jusqu’à la fin de ce mois de juin.
Le revers de la médaille
Car si le profil-type du chauffeur Uber est souvent issu des minorités ethniques ou religieuses du pays, les personnes de confession musulmane y sont largement représentées. Or, durant Ramadan, l’intervalle de temps durant lequel elles peuvent dé-jeûner est particulièrement étroit (de 21h45 à 03h30 environ) cette année. Dès lors, la plupart des chauffeurs préfèrent rester chez eux ou en famille pour honorer ce pilier de l’Islam que reprendre le volant pour satisfaire les demandes de courses d’un bout à l’autre de Paris… C’est donc un peu le revers de la médaille Uber. Si l’entreprise est connue pour être l’un des principaux recruteurs, en France, de personnel d’origine étrangère et/ou habitant les banlieues de grandes villes, leur offrant des perspectives professionnelles aussi tangibles qu’inédites, elle doit s’accommoder – et désormais, anticiper – les baisses saisonnières d’activité, au risque de voir son leadership rogné sur le marché du transport de passagers. Une chose est sûre avec cet épisode : pour corvéables et peu exigeants qu’ils soient, les chauffeurs Uber entendent bien profiter, eux aussi, des avantages liés à leur semi-indépendance. N’en déplaise aux usagers, peu habitués à se soucier des conditions des chauffeurs de la compagnie.