Des rapports de terrain et des mails internes confidentiels de la division de lutte anti-terroriste du FBI, ont été obtenu par le site Foreign Policy. Le contenu des documents prouve que le FBI suit désormais Black Lives Matter et le considère comme un groupe potentiellement terroriste.
Black Lives Matter (comprenez « La vie des noirs compte ») est né en août 2014 aux Etats-Unis, suite à des meurtres de jeunes afro-américains par la police. Depuis, le mouvement lutte pour mettre fin aux violences envers les noirs.
Dès juillet 2016, le FBI a commencé à mettre en garde contre des attaques visant les forces de l’ordre. En effet, suite à un rassemblement contre la brutalité policière, un homme avait abattu cinq policiers à Dallas, au Texas.
Pourtant, le tireur, Micah Xavier Johnson, a agi seul. Il n’avait aucun lien connu avec Black Lives Matter ou tout autre groupe. Mais dès le lendemain de la fusillade, le 8 juillet, l’agence américaine a estimé que cet acte apparement isolé pourrait en réalité cacher une menace plus importante.
Une surveillance inquiétante pour l’ONG américaine des libertés civiles
« En raison des sensibilités entourant les récentes fusillades de la police, la menace d’attaques par imitation contre les forces de l’ordre existe » est-il écrit dans un mail. Le mouvement Black Lives Matter est alors désigné comme une « menace d’extrémistes suprématistes noirs », une expression que le FBI n’utilise jamais publiquement.
« Si je suis un policier dans la rue essayant de répondre aux préoccupations soulevées dans ce rapport, évidemment, je vais me concentrer sur les Noirs », confie à Al Jazeera Michael German, un ancien agent du FBI.
Les rassemblements des Afro-américains seraient donc souvent empêchés par la police. Mi-septembre par exemple, plus de 300 personnes ont été arrêtés à St-Louis, en une quinzaine de jours. Des manifestations avaient éclatées après que Jason Stockley, un policier blanc ait été reconnu non coupable du meurtre d’Anthony Lamar Smith, un Afro-Américain de 24 ans, en décembre 2011.
Pour The Guardian, cette surveillance des activistes noirs comme d’autres groupes de droits civiques par le passé n’est pas nouvelle, mais elle est inquiétante. « Considérer un groupe comme ennemi ou terroriste, c’est toujours s’apprêter à les priver de la liberté d’expression ou de manifester. Cela marginalise des voix légitimes dans le débat politique qui appellent à plus de justice », a réagit Mohammad Tajsar, de l’ONG American Civil Liberties Union.