« Il y a des journées comme ça… A 20h57, vous félicitez Israël pour son accord sur les réfugiés » et « à 22h50 le Premier ministre le suspend et accuse, parmi d’autres, l’UE. » Le message est signé de la délégation de l’Union européenne à Tel-Aviv. Elle montre le désaccord profond qui subsiste entre sa politique et celle de Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien.
Retour sur une journée un peu étrange. Lundi, le Premier ministre israélien déclarait qu’il mettait fin à sa campagne d’expulsion de migrants. En effet, les autorités israéliennes comptaient expulser 38 000 migrants africains arrivés illégalement sur son sol et renvoyer ceux-ci dans des pays qui avaient donné leur accord pour les accueillir.
Il faut dire que les migrants ne sont pas les plus grands amis de Netanyahu : le Premier ministre a récemment déclaré qu’« une arrivée massive de migrants africains illégaux » était « pire » que le terrorisme.
Bisbille diplomatique avec le Rwanda et l’Union européenne
Cela n’a pourtant pas empêché le Premier ministre israélien de négocier avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). En a découlé un accord qui prévoyait de mettre fin le pacte proposé aux migrants : la prison ou l’expulsion. Finalement, Netanyahu a négocié avec le HCR un sort plus juste pour 16 000 migrants, qui allaient avoir le choix de rejoindre des « pays occidentaux » quand les 12 000 autres seraient temporairement régularisés.
Mais quelques heures après cet accord, le Premier ministre de l’Etat hébreu est revenu sur son engagement, pressé par la majorité au pouvoir. Le ministre de l’Education, Naftali Bennett, a notamment dénoncé la création par Netanyahu d’« un paradis pour les infiltrés », tandis que le ministre des Finances, Moshe Kahlon, jugeait l’accord « inacceptable. »
Finalement, le Premier ministre israélien est revenu sur l’accord avec le HCR. Humilié par ses alliés du gouvernement qui lui en ont voulu d’avoir signé un document sans leur avis, Netanyahu a dénoncé l’accord et a même accusé les Européens d’avoir incité le Rwanda à saboter le plan d’expulsion initialement prévu. L’UE et le Rwanda ont démenti. Yaïr Lapid, son futur rival pour le poste de Premier ministre, a ironisé : « Netanyahu s’est comporté comme un dirigeant pendant… cinq heures. » Le Premier ministre israélien a surtout, pendant ces cinq heures, été humain. Avant de finalement renoncer.