Le 15 octobre dernier, Georges Bensoussan parlait sur France Culture du « tabou » de l’antisémitisme. « C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes en France — et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire —, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère. » Ce mercredi, l’historien comparaît devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et SOS Racisme, entre autres, sont l’origine de la plainte. Auteur du livre « Les Territoires perdus de la République », Georges Bensoussan se plaît à taper sur l’antiracisme. Dans la préface de son livre, Elisabeth Badinter parlait d’ailleurs de « collaboration par antiracisme. » Selon Bensoussan, l’antiracisme est devenu l’« instrument d’un terrorisme intellectuel devenu aujourd’hui le meilleur vecteur du nouvel antisémitisme » au nom du « pacifisme. »
Une « obsession arabe »
Pour ces propos, de nature à « alimenter la haine et le racisme », la station de radio avait reçu de la part du CSA une « mise en garde. » Aujourd’hui, c’est le tribunal qui se saisit de cette déclaration. Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, le danger réside notamment dans le fait que Georges Bensoussan n’est pas « un pseudo-intellectuel grossier à la sauce Eric Zemmour mais un intellectuel dont maints travaux historiques forcent le respect. » Les propos de l’historien ont donc une portée plus forte. En expliquant que les familles arabes étaient bercées à l’antisémitisme, Bensoussan s’est, écrit SOS Racisme, « abaissé par ses mots à l’essentialisation d’une population. » L’organisation dénonce une « obsession arabe qui trouve dans notre histoire quelques points d’appui. » Le CCIF estime, lui, que cette « prise de position suscite l’incompréhension la plus totale et nécessite une clarification. »
Des soutiens controversés
Une clarification, Georges Bensoussan a tenté d’en apporter une, assurant qu’il avait simplement repris les propos de Smaïn Laacher. Or, le sociologue assure n’avoir « jamais dit ni écrit nulle part ce genre d’ignominie. » D’autant que l’introduction de Georges Bensoussan, qui estime que, « aujourd’hui, effectivement, nous sommes en présence d’un autre peuple qui se constitue au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés », ne laisse pas place au doute. En laissant Georges Bensoussan dire ce genre de chose, c’est la pensée raciste que l’on laisse s’exprimer. Martine Gozlan, dans Marianne, défend même cette phrase. « C’est la description du réel », assure la journaliste. Georges Bensoussan est soutenu dans son procès par Elisabeth Badinter, Marceline Loridan Ivens, Michèle Tribalat ou encore l’écrivain Pascal Bruckner. On a les soutiens que l’on mérite…