Alors qu’il redisait, hier lors de son premier meeting à La Villette, sa volonté d’imposer « un strict contrôle administratif du culte musulman, tant que son ancrage dans la République ne sera pas pleinement achevé », François Fillon apparaît aujourd’hui bien affaibli. L’ex-ministre estimait, en septembre dernier, qu’il y a, en France, « un problème lié à l’Islam », mais on est en droit de se demander s’il n’existe pas plutôt, aujourd’hui, un problème lié à François Fillon. Car, à l’heure de demander des comptes aux responsables musulmans, le candidat des Républicains devrait plutôt se concentrer sur sa propre personne. Le candidat à l’Elysée est en effet accusé d’avoir bénéficié d’argent détourné quand il était sénateur et d’avoir offert à son épouse un emploi fictif très bien rémunéré.
Un décalage entre les discours et les actes
Les affaires dans lesquelles François Fillon est aujourd’hui plongé illustrent parfaitement la rupture entre les citoyens et le système politique français. Une rupture également entre les discours des politiques et les actes. « La France unie exige l’autorité de l’Etat, l’autorité de la loi, la nécessité de l’ordre. Il faut mettre les mots sur les actes », déclarait hier le gagnant de la primaire de la droite et du centre, sans sourciller. Cette autorité de la loi doit aujourd’hui s’appliquer au cas Fillon. Quand, face à ces attaques, François Fillon dénonce « l’idée qu’il y a quelque chose de pourri dans notre démocratie », il ne croit pas si bien dire. Comment peut-on dénoncer l’« injustice sociale » et l’assistanat tout en payant son épouse et ses enfants avec des fonds publics ? Comment peut-on refuser se proclamer anti-système tout en profitant pleinement de celui-ci ? Et comment peut-on vouloir remettre « de l’ordre dans le chaos français » lorsqu’on est soi-même dans la tourmente ? François Fillon affirmait hier : « La religion musulmane doit accepter sans condition tout ce que les autres religions ont accepté par le passé. » Aujourd’hui, une grande partie des Français en a marre que l’Islam serve à détourner l’attention des vrais sujets de société. François Fillon doit accepter sans condition tout ce que les autres citoyens empêtrés dans des affaires judiciaires ont accepté par le passé : il doit s’expliquer et renoncer, au risque de continuer à creuser le fossé entre la classe dirigeante et les citoyens français. Et de jouer le jeu du Front National.