L’affaire du « PenelopeGate » ne cesse de prendre de l’ampleur, et force est de constater que François Fillon baisse à une vitesse impressionnante dans les sondages… Le coeur des Français n’y est plus, et peu sont ceux qui croient encore à son innocence. Les policiers ont perquisitionné le bureau du candidat à l’Assemblée nationale, entendent, chaque jour, des témoins supplémentaires, et l’affaire ne semble pas s’arranger pour le candidat Les Républicains, bien au contraire. De plus, la posture victimaire adoptée par la droite dénonçant un « coup d’Etat institutionnel » fait doucement rire et agace bien plus qu’elle ne convainc. Le couple Fillon est tout de même soupçonné à ce jour de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, recel.
Depuis les révélations du Canard Enchaîné, accusant Penelope Fillon d’avoir bénéficié d’un emploi fictif en tant qu’assistante parlementaire de son mari, puis de son suppléant, pour un montant de 500 000 euros brut, ainsi que d’un emploi fictif à La Revue des deux mondes, pour un salaire mensuel de 5 000 euros, les révélations ne cessent de surgir, les journalistes creusent chaque jour davantage, tout comme les policiers qui mènent l’enquête, et tout ne semble encore avoir été révélé… Après l’épouse, ce sont les enfants qui auraient aussi bénéficié de certaines faveurs. Quid de la prochaine révélation ? Les citoyens sont fatigués, désillusionnés… dégoûtés !
François Fillon risque d’engloutir la légitimité de son parti tout entier
Quoi qu’il en soit, tout ceci semble, en effet, un peu fort de café dans une France qui essuie les affres de la crise, et pensait élire un président honnête et droit. Tragiquement ironique aussi venant du candidat qui critiquait l’assistanat, prônait l’effort et le travail, et annonçait haut et fort que les Français devaient s’attendre à se serrer la ceinture… Pas tous les Français apparemment, peut-on alors penser, souriant amèrement, avec la nette impression d’être pris pour des imbéciles, pour rester polis.
Fillon est-il coupable ?
Je n’en sais rien, ne suis ni juge ni législateur, et je respecte le principe de présomption d’innocence avant tout. L’enquête est en cours, elle en viendra à trancher… Mais pas de suite. Alors, comment réagir dans l’urgence ? Comment gérer une crise que l’on ne peut ignorer à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle ?
Fillon doit-il se retirer ?
Là est une autre question… L’on peut penser que non, que cela sonnerait comme un aveu de culpabilité, une forme de faiblesse, un misérable échec. Mais en même temps, rester dans la course, aveugle à la colère de plus en plus tonitruante du peuple français, ne serait-ce pas suicidaire? Stratégiquement, et face à l’ampleur prise par le scandale il apparaît tout de même que ce soit une hypothèse à envisager très, très sérieusement. Car, si le candidat — annoncé vainqueur depuis des mois — risque non seulement, s’il reste dans la course, de perdre les élections, il risque aussi, à ce rythme, d’engloutir la légitimité de son parti tout entier.
François Fillon ne doit probablement pas rester dans la course
Si j’aime à m’en remettre au droit et au pouvoir judiciaire, la Constitution de la Ve République ne prévoit pas comment agir dans de tels cas de figure et nous laisse face à un véritable dilemme : un candidat condamné peut se présenter : Juppé l’a fait. Un candidat mis en examen peut se présenter : Sarkozy l’a fait. Il semblerait donc qu’un candidat comme Fillon puisse se présenter aussi. Seulement voilà, les Français n’ont pas élu Sarkozy, n’ont pas élu Juppé non plus. A l’issue des primaires de droite, c’est bien Fillon qui a triomphé , peut-être aussi parce que, justement, on le pensait étranger à toute corruption, à tout mensonge… Et les Français, s’ils se sentent trahis, risquent de l’exprimer dans les urnes.
C’est aujourd’hui dans une situation complexe et ambiguë que se trouve la vie politique française, partagée entre la présomption d’innocence du couple Fillon et des révélations délivrant des indices graves, choquants, consternants même, sur le candidat. Doit-il rester dans la course ? Probablement que non, au vu d’une confiance rompue, ou du moins fortement boiteuse, car la démocratie se doit avant tout de faire entendre la voix du peuple.