Placé en garde-à-vue ce mardi, Nicolas Sarkozy est impliqué dans l’enquête sur un supposé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Malgré les réactions au sein des Républicains qui fustigent une justice à deux vitesses, il semble que les juges aient assez d’éléments en leur possession pour lier le dictateur libyen Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy.
D’où part cette enquête ?
Alors que Nicolas Sarkozy quitte la présidence française après un quinquennat, Mediapart sort, en 2012, un article qui accuse Nicolas Sarkozy d’avoir touché 50 millions d’euros de la part du dictateur libyen cinq ans plus tôt. Les faits sont étayés : un document prouverait ce versement. En 2013, une information judiciaire est ouverte. L’ex-président français assure que le document de Mediapart est un faux et clame, sur les plateaux de télévision, son innocence.
Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, a développé son enquête dans un livre, « Avec les compliments du guide ». Et il en est persuadé : les faits sont « plus graves que le Watergate. » Pour le journaliste, « il y a des traces bancaires des versements » qui prouvent la véracité de ses informations. Après avoir mis plusieurs personnes de l’entourage de Nicolas Sarkozy en prison, dont Claude Guéant, la justice a donc décidé de mettre en examen à son tour l’ancien président aujourd’hui placé en garde-à-vue.
L’influence de plusieurs hommes
15 millions d’euros auraient transité grâce à un homme sulfureux : l’homme d’affaire Ziad Takieddine qui a été mis en examen dans le cadre de cette affaire. A Mediapart, Takieddine a assuré avoir versé, en trois fois, 15 millions d’euros à Claude Guéant de la part de… Mouammar Kadhafi, via son ancien patron du renseignement. Un autre homme d’affaires, Alexandre Djouhri, est lui aussi en détention dans le cadre de cette affaire. Arrêté à Londres il y a deux mois, la France attend son extradition. L’homme est de son côté accusé d’avoir été très actif dans l’affaire du versement d’espèces à Claude Guéant.
Nicolas Sarkozy est-il vraiment impliqué ?
Un document de Mediapart prouverait l’implication réelle de l’ancien président de la République française. Un papier signé de la main de Moussa Koussa, qui dirigeait les services de renseignements extérieurs de la Libye sous Kadhafi, prouverait que Nicolas Sarkozy a touché 50 millions d’euros pour, indique le journal d’investigation, « appuyer la campagne électorale du candidat aux élections présidentielles. » L’authenticité de ce document a été débattue et, malgré les dires de Nicolas Sarkozy, ce document serait authentique et officiel. Le fils de l’ex-dictateur libyen, Seif al-Islam, qui va se présenter à la prochaine présidentielle dans son pays, a lui-même accusé Nicolas Sarkozy d’avoir été le bénéficiaire d’un transfert de 5 millions d’euros en 2006. C’est désormais à la justice de déterminer l’exactitude des faits qui sont reprochés à Nicolas Sarkozy.