Des « singes hurleurs ». Voilà comment un officier de gendarmerie a qualifié les Guyanais, fin avril, lors d’un discours prononcé à l’issue d’une mission de sécurisation. Le chef d’escadron de Maisons-Alfort, après trois mois de mission en Guyane, déclarait : « Quelle faune exceptionnelle que tous ces singes hurleurs lançant autant de jurons que de parpaings pour marquer leur territoire, ces petits caïmans trempant jour et nuit dans l’alcool. » Le gendarme ajoutant qu’il pouvait se réjouir « d’avoir pu aussi compter sur certains paresseux, très nombreux dans la région, dont la réactivité et l’envie de travailler n’ont d’égal que les résultats qu’ils obtiennent. »
Une métaphore animalière insultante, qui n’est pas passée inaperçue. Relayé par la presse, ce discours est arrivé aux oreilles du ministère de l’Intérieur. Gérard Collomb a dénoncé, hier dans un communiqué, « des propos inadmissibles et choquants » et a indiqué que l’officier serait visé par une procédure disciplinaire et sanctionné. Le policier, publié dans un journal destiné aux gendarmes, s’est défendu en affirmant avoir réalisé une simple « allégorie. » Le gendarme parle aujourd’hui de « maladresse. »
Mais la situation sociale en Guyane est tendue. « Il y a beaucoup de jeunes qui ont peu de perspectives, et leurs rapports avec les gendarmes sont difficiles. On marche sur des œufs », assure un responsable guyanais qui prévient que les conséquences de telles paroles peuvent être graves. Les gendarmes présents sur place lors du discours ont se sont dit « interloqués. » L’un d’eux explique : « On voyait que certains gendarmes n’étaient pas choqués et d’autres si. On s’est dit à plusieurs que c’était grave, ce qu’il venait de dire. »
Le ministre de l’Intérieur a tenu à rappeler « son attachement au strict respect des règles déontologiques et à l’exigence d’exemplarité » qui « doivent encadrer l’action des forces de sécurité dans l’accomplissement de leurs missions. » Convoqué juste après son retour en Métropole, l’auteur du discours raciste est désormais visé par une procédure disciplinaire. Ce dernier « se défend de tout racisme », indique LCI.