Ce mardi, le Giro offre une étape entre Catane et Caltagirone. Le tour d’Italie arrive enfin dans la Grande botte, alors que trois étapes ont déjà été disputées. C’est de Jérusalem qu’a été lancé le coup d’envoi d’une des courses cyclistes les plus prestigieuses. Initialement, les organisateurs de la course utilisaient le terme de « Jérusalem-Ouest ». Mais des ministres israéliens se sont insurgés et les organisateurs du Giro ont donc décidé d’effacer la distinction Est-Ouest de la ville, « reconnaissant ainsi la présence illégale d’Israël sur Jérusalem-Est occupée », indique le mouvement BDS qui dénonce une occasion pour l’Etat hébreu de « blanchir son occupation vieille de plusieurs décennies et les violations des droits de l’homme contre les Palestiniens. »
Une opération de communication qui a un prix : Israël aurait versé plus de 10 millions d’euros pour pouvoir organiser le départ de la course cycliste. « La Fédération israélienne de cyclisme sponsorise et organise des compétitions dans les zones sous occupation militaire israélienne en violation du droit international, dénonçait Stephanie Adam, de BDS Palestine. Quelques jours avant le Tour d’Italie l’équipe cycliste israélienne, qui se prépare à participer au Giro, participera à une course entre Jérusalem-Est occupée et la colonie israélienne illégale de Pisgat Ze’ev. »
Une célébration pour les 70 ans d’Israël
C’est la première fois qu’une course cycliste majeure choisit de s’élancer d’Israël. Les organisateurs n’ont semble-t-il pas vraiment mesuré les conséquences politiques de leur décision. Tout d’abord parce que celle-ci correspond à la célébration des 70 ans d’Israël. « Accueillir un événement sportif de dimension internationale est une façon de normaliser son image », indique à Télérama Frédéric Encel, géopoliticien. Sauf que le chantage des ministres du Sport et du Tourisme de retirer leur soutien au Giro en cas d’utilisation du terme « Jérusalem-Est » montre la véritable portée politique de la course. L’Organisation de libération de la Palestine estime que, « en organisant un tel événement, Giro d’Italia se rend complice de l’occupation militaire israélienne et de violations flagrantes des lois, des accords et du consensus internationaux. »
Le monde a, lui, regardé les trois premières étapes du Giro sous l’aspect purement sportif. Mais l’initiative aura servi la propagande israélienne et, soixante-dix ans après la naissance d’Israël, aura réussi à donner à l’Etat hébreu un peu plus de légitimité, alors que le processus de paix est encore et toujours au point mort.