Cette année, le Hajj — le pèlerinage à La Mecque — a beaucoup fait parler de lui. Et pas seulement pour des raisons religieuses. Si deux millions de musulmans sont attendus dans la ville sainte, la géopolitique s’est, cette année, invitée dans les débats. Notamment en raison des relations entre l’Iran et l’Arabie Saoudite : en 2016, l’Iran n’avait envoyé aucun pèlerin. Il faut dire qu’en 2015, plus de quatre-cents Iraniens avaient trouvé la mort à La Mecque dans une bousculade qui avait fait près de 2 300 morts du côté des pèlerins. S’en était suivi une grande partie de joutes verbales entre les deux pays : le président Hassan Rohani avait notamment assuré que « l’Iran ne pardonnera jamais pour le sang versé de ces martyrs morts au Hajj » et dénoncé de façon plus globale la politique saoudienne. « Si le problème avec le gouvernement saoudien se limitait au hajj, on aurait peut-être trouvé une solution. Mais malheureusement ce gouvernement, avec les crimes qu’il commet dans la région et son soutien au terrorisme, verse le sang des musulmans en Irak, en Syrie, au Yemen et quotidiennement bombarde sauvagement les femmes et les enfants yéménites », avait-il dit. Le président iranien avait alors accusé les agents saoudiens d’être « restés les bras croisés » lors de la tragédie et avait annoncé qu’il n’enverrait aucun pèlerin à La Mecque. Cette année, ils seront environ 86 000 Iraniens à La Mecque.
Le Qatar et l’Arabie Saoudite lancent une guerre de communication
Si les relations semblent donc s’être apaisées entre le royaume wahhabite et l’Iran, au moins concernant le Hajj, un autre pays a fait les frais d’une crise diplomatique : le Qatar. Le lancement du Hajj 2017 a été l’occasion pour les deux royaumes du Golfe de s’envoyer quelques piques. Les avions de la compagnie qatarienne étant interdits d’atterrissage sur le sol saoudien, le ministère saoudien du Hajj a indiqué que les ressortissants du Qatar pourraient bel et bien participer au pèlerinage mais qu’ils seraient obligés de passer par les aéroports de Jeddah ou de Médine pour obtenir leur visa d’entrée. Mais il y a dix jours, l’Arabie Saoudite a accusé le Qatar d’empêcher ses avions transportant des pèlerins de survoler le pays. Ce que le Qatar a démenti, parlant d’allégations « sans fondements. » La crise du Golfe a empêché le voyage de nombreux pèlerins du Qatar, indique RTL Belgique. Et le gel des relations diplomatiques entre Saoudiens et Qatariens donne lieu à une surenchère dans les accusations : Doha déplore que seuls « 60 à 70 » de ses pèlerins aient réussi à se rendre en Arabie saoudite la semaine dernière, tandis que l’Arabie Saoudite assure que près de 1 200 pèlerins sont arrivés du Qatar pour le Hajj 2017. Mais le pèlerinage a débuté et, le temps de quelques dizaines d’heures, les deux Etats du Golfe vont certainement laisser leur rancœur de côté.