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Ilhan Omar, du Congrès américain aux polémiques incessantes

La polémique a pris un tournant dramatique ces derniers jours, avec une multiplication des menaces de mort contre l’élue de la Chambre des représentants.

Cette recrudescence fait suite, selon Ilhan Omar, à un tweet de Donald Trump qui a repris vendredi un montage vidéo donnant l’impression qu’elle minimisait les attentats du 11-Septembre.

Une manipulation incendiaire et « répugnante », se sont indignés les plus grands noms démocrates et plusieurs associations.

« J’ai prêté serment pour défendre la Constitution. Je suis aussi Américaine que tous les autres », avait proclamé la nouvelle élue du Congrès dès mercredi sur CBS.

Sourire lumineux, voile bleu, chemise rouge et ensemble blanc, la démocrate de 37 ans avait fièrement porté les couleurs de l’Amérique au soir du grand discours annuel du président républicain en février.

Son histoire semble incarner le fameux « rêve américain »: née en Somalie en 1981, elle a fui la guerre avec sa famille lorsqu’elle était enfant. Après quatre ans dans un camp de réfugiés au Kenya, elle est arrivée aux Etats-Unis à 12 ans et sa famille s’est installée dans le Minnesota (nord).

L’élection en novembre 2018 à la chambre basse de la première musulmane à porter le voile au Congrès avait été largement célébrée. Mais depuis qu’elle a pris ses fonctions en janvier, les polémiques se succèdent.

Accusée d’antisémitisme

C’est avec des propos fleurant l’antisémitisme, selon certains jusque dans son propre camp, qu’Ilhan Omar avait provoqué de premiers remous en début d’année.

Elle a été épinglée en février pour avoir affirmé que le lobby pro-Israël Aipac payait les responsables politiques américains pour qu’ils soutiennent ce pays du Proche-Orient. Puis elle avait provoqué une levée de boucliers en affirmant que cette controverse avait grossi à cause des financements distribués par l’Aipac, un commentaire perçu comme jouant avec les stéréotypes antisémites sur l’argent.

Elle s’était alors excusée.

Puis elle a de nouveau été la cible de vives critiques après avoir dénoncé le fait que certains lobbies poussaient à faire « allégeance à un pays étranger », dans une autre référence à l’Aipac.

Beaucoup, dont de nombreux démocrates, s’étaient élevés contre ces propos rappelant, selon eux, le stéréotype sur la « double allégeance » supposée des juifs, qui ne seraient pas « loyaux » envers le pays où ils vivent.

Dans ce contexte, ses autres propos en faveur de la protection de l’environnement, de la défense des personnes transgenres ou de l’égalité homme-femme passent bien souvent inaperçus.

Le président républicain Donald Trump s’est saisi avec avidité de la polémique et martèle depuis que les démocrates sont devenus un parti « anti-juifs ».

Puis vendredi, il a retweeté une vidéo d’un discours d’Ilhan Omar sur le 11-Septembre qui a été visionnée plusieurs millions de fois depuis mars sur les réseaux sociaux.

On y voit un extrait du discours –prononcé en mars lors d’une conférence du groupe de défense des droits des musulmans américains (CAIR)– dans lequel elle parle des atteintes aux droits de tous les musulmans après ces attentats, lorsque « certaines personnes avaient fait quelque chose ».

Manifestation de soutien

Donald Trump a encore martelé lundi sur Twitter qu’Ilhan Omar était l’auteure de commentaires « antisémites, anti-Israël », « haineux et ingrats » contre les Etats-Unis.

Sous le mot d’ordre « Nous soutenons Ilhan », CAIR a prévu une manifestation à la mi-journée dans la ville de Burnsville, dans le Minnesota, où le républicain est justement attendu lundi.

En attendant, les menaces violentes sur Twitter contre l’élue se sont multipliées. Avant même cette dernière polémique autour des attentats de 2001, un homme a été arrêté le 5 avril pour avoir appelé son bureau en l’accusant d’être une « terroriste » avant de menacer: « Je vais lui mettre une balle dans la tête ».

Au célèbre présentateur Stephen Colbert qui lui demandait mercredi sur CBS pourquoi elle s’attirait autant de foudres, Ilhan Omar avait répondu que les immigrés, les réfugiés, les femmes de couleur et les musulmans étaient souvent utilisés comme des « cibles politiques ».

Et de ponctuer: « Il se trouve que j’incarne toutes ces identités ».

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