En janvier dernier, une fillette de confession musulmane, avait été retrouvée morte à Kathua, dans l’Etat de Jammu-et-Cachemire, une zone du nord de l’Inde à majorité hindoue.
Ce n’est qu’en avril, que les circonstances de sa mort ont été révélées, provoquant la colère et l’indignation de la communauté musulmane. Et pour cause, la jeune fille a été enlevée, séquestrée dans un bois, droguée et violée dans un temple par plusieurs hommes, parmi lesquels quatre policiers. Elle a finalement été étranglée et tuée à coups de pierres au bout de huit jours.
Selon les enquêteurs, les huit hommes mis en cause auraient agi avec la complicité d’un villageois local pour terrifier les Bakerwals, une communauté de bergers musulmans dont était issue l’enfant.
Mais plus grave encore, à l’issue du meurtre de la fillette, « deux policiers auraient fait disparaître des indices et lavé la tunique de l’enfant », comme le révèle le Monde. La police locale aurait également été rémunérée contre la promesse d’une enquête truquée.
Narendra Modi a assuré que « justice serait rendue »
Le viol de Kathua et le traitement de l’enquête a depuis fait beaucoup réagir le monde politique mais aussi la société civile indienne et certains intellectuels. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans le pays, dont le 13 avril à Ahmedabad et le 15 avril à Bombay.
Cependant, le Premier ministre Narendra Modi, nationaliste hindou, est resté silencieux durant de longues semaines sur cette affaire. Pourtant, depuis 2014 et l’arrivée de son parti, le Bharatiya Janata Party (droite nationaliste), les violences intercommunautaires se multiplient. Deux de ses ministres ont d’ailleurs dû démissionner après avoir apporté leur soutien aux accusés.
« Qui, aujourd’hui, parmi les Hindous, n’a pas au moins un parent qui déteste les musulmans ? Qui d’entre nous n’a pas d’amis qui ferment les yeux sur l’amoralité brutale du régime au pouvoir, considérant ce dernier comme le mieux à même d’assurer son salut à l’Inde ? », a récemment interrogé Anuradha Roy, une écrivaine indienne, dans une tribune.
Le Premier ministre a finalement assuré vendredi 13 avril que « justice serait rendue ». Le procès des huit accusés a commencé 16 avril au tribunal de Kanthua, mais ceux-ci ont plaidé non coupables. L’audience a finalement été ajournée pour des questions procédurales et doit reprendre le 28 avril.
Menacées de mort, la famille de la victime et leur avocate ont été placées sous protection policière.