Officiellement, l’Arabie Saoudite doit diminuer ses financements du culte musulman en France dans les années à venir. Emmanuel Macron affirme avoir « reçu le prince héritier d’Arabie saoudite » et lui avoir parlé de sa désapprobation quant aux financements étrangers du culte musulman. « Nous allons prendre des décisions (…) conjointement », a indiqué le président qui « ne veut plus de mosquées qui s’ouvrent avec des financements cachés. »
Lors de sa visite officielle en France, Mohammed Ben Salmane a cependant reçu plusieurs responsables religieux dans le plus grand secret, le 10 avril dernier, révèle L’Express. Parmi eux, des représentants de l’Islam mais également d’autres religions. Ainsi, « MBS » a discuté pendant une vingtaine de minutes avec Denis Jachiet, évêque auxiliaire de Paris, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France, et Haïm Korsia, grand rabbin de France.
Pas d’église en Arabie Saoudite
Côté musulmans, Dalil Boubakeur et Kamel Kabtane, recteurs des mosquées de Paris et de Lyon, étaient eux aussi présents dans les salons de l’hôtel Le Vavasseur, l’hôtel particulier du prince héritier. Les deux responsables musulmans ont été vus sur plusieurs photos diffusées sur les réseaux sociaux, alors que les responsables des autres cultes ont savamment été retirés du cadre.
Selon la présidence de la Fédération protestante de France, cette rencontre ne nécessite aucun commentaire puisqu’elle était « d’ordre privé. » « Une simple visite de courtoisie », surenchérit l’évêque présent lors de l’entrevue. Le grand rabbin de France parle, lui, d’une rencontre qui doit permettre de « construire un chemin » et de montrer « des signes manifestes d’ouverture. »
Le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Taoufiq Sebti, est lui plus bavard. « Le prince voulait les rencontrer et entendre leur avis sur l’Arabie saoudite et les réformes en cours », assure-t-il à L’Express. « MBS » aurait également tenu à montrer sa volonté de « lutter contre la politisation des religions » et à inviter le représentant de l’Eglise catholique à venir lui rendre visite en Arabie Saoudite.
Autre point abordé par les représentants des différents cultes : la possibilité de construire une église dans le royaume wahhabite. Refus catégorique du prince héritier qui aurait répondu que « l’Arabie saoudite est une terre sacrée, tout comme le Vatican » et que « le Coran interdit qu’un lieu de culte non-musulman soit bâti en Arabie saoudite. »