Quelles mesures compte prendre la France pour répondre à la demande des citoyens afghans qui ont assisté l’armée française durant les treize années de sa présence dans leur pays et qui sont aujourd’hui abandonnés aux mains des Talibans ? Voici, en somme, la question posée par la députée parisienne Marie-Noëlle Lienemann et à laquelle a répondu le ministère des Affaires étrangères et du Développement international il y a quelques jours. La situation est simple : 770 Afghans ont travaillé pour l’armée française entre 2001 et 2014, dont deux tiers d’interprètes. Parmi eux, seuls 103 ont pu avoir la chance d’être « relocalisés » en France avec les membres de leurs familles. Les autres, eux, doivent rester en Afghanistan, sous la menace des Talibans.
Quatorze Afghan « réellement menacés »
L’Association des anciens interprètes afghans rappelle que, pour que les Afghans puissent être relocalisés en France, il leur fallait « avoir effectué un travail fructueux avec l’armée français, ne pas représenter une menace pour la France et avoir travaillé au moins cinq ans pour l’armée. » Mais, précise Marie-Noëlle Lienemann, « les talibans ne font pas la différence entre trois ou cinq ans de travail avec les militaires français. » Car ces collaborateurs risquent aujourd’hui leur vie. La France, continue la députée, « a un devoir moral envers ces personnes qui l’ont aidée et qui sont aujourd’hui en danger de mort pour ces motifs. » L’Association des anciens interprètes afghans indique par ailleurs que plusieurs anciens collaborateurs de l’armée française ont cessé de s’alimenter et que d’autre ont préféré « les risques d’un périple dangereux, à la certitude d’une tragédie future. » Du côté des autorités françaises, on semble ne pas se soucier de la situation de ces gens-là. « Certaines demandes de visa ont été refusées car elles ne correspondaient pas aux cas de délivrance prévus par le droit applicable », résume laconiquement le ministère des Affaires étrangères et du Développement international, qui affirme avoir répondu « avec humanité et de façon responsable aux inquiétudes suscitées après le départ du contingent français d’Afghanistan. » Les quatorze Afghans « se sachant réellement menacés », selon l’association, seront ravis d’apprendre que la France se soucie de leur sort mais ne daigne pas leur octroyer de visa.