En Israël, la colonisation passe aussi par un sabotage de l’agriculture palestinienne. Près de 50 000 Palestiniens travaillent dans ce secteur qui ne cesse de chuter. Voilà plusieurs années que l’armée israélienne vaporise des pesticides toxiques sur la zone tampon établie par les Israéliens sur la frontière entre la bande de Gaza et Israël. Un ruban de 300 mètres de large qui accueille plus d’un tiers des terres agricoles de la bande de Gaza.
Selon des agriculteurs locaux, il y a quelques jours, pour la deuxième fois en deux mois, les Israéliens ont pulvérisé des pesticides dans la région. Selon ces agriculteurs, cités par Al Monitor, « chaque année depuis la guerre de 2014, les Israéliens pulvérisent des pesticides et brûlent les récoltes au début de la saison », soit en janvier et en avril.
Une situation dénoncée par les autorités palestiniennes. Un responsable au ministère de l’Agriculture de Gaza indique de son côté que « les pesticides israéliens affectent les cultures sur les terres palestiniennes. » En coordination avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le ministère de l’Agriculture tient des statistiques très précises : de décembre dernier à mars, 544 hectares ont été touchés par les pulvérisations de l’armée côté palestinien.
Des traces de substances empêchant la germination retrouvées
Le ministre dénonce « une guerre chimique. » Il a fait analyser les substances pulvérisées sur les champs palestiniens. Il affirme : « Tous les composants des pesticides pulvérisés n’ont pas été identifiés, mais les résultats de l’analyse en laboratoire des plantes traitées ont montré des traces d’oxygal », une substance qui empêche la germination saisonnière et brûle la partie verte des plantes.
Le CICR estime que la situation est « préoccupante. » Suheir Zakout, son porte-parole, assure que son organisation « suit de près les pulvérisations près de la frontière depuis trois ans. Cela nous inquiète. » Il appelle les autorités israéliennes à arrêter la pulvérisation aérienne de pesticides, « car cela a des effets négatifs à long terme sur l’environnement et la population », continue-t-il. En avril 2017, le CICR s’inquiétait déjà de cette pratique.
L’armée israélienne réfute les accusations de « guerre chimique » lancées par le ministre de l’Agriculture à Gaza. Elle assure que ces épandages ont pour objectif d’augmenter la visibilité dans la zone. En attendant, la part de l’agriculture dans le PIB de la bande de Gaza est passée de 12 % à 3,3 % en vingt ans.