La Ligue du LOL s’est adonnée pendant plusieurs années à un harcèlement organisé. Sexisme, homophobie, racisme… Les témoignages qui sont sortis ces dernières semaines montrent les pratiques discriminantes en vigueur dans plusieurs rédactions. Mais cette Ligue du LOL est-elle un cas isolé ? C’est la question qu’a posée le collectif Prenons la une, qui milite « pour une juste représentation des femmes dans les médias et l’égalité professionnelle dans les rédactions. »
L’association a lancé une enquête en ligne à laquelle plus de 1 500 journalistes et 270 étudiantes et étudiants en école de journalisme ont répondu. Parmi ces personnes ayant répondu, huit femmes sur dix. Un succès pour cette enquête baptisée #EntenduALaRédac qui permet de montrer le sexisme qui règne dans plus de 200 rédactions, parisiennes ou provinciales. Car 67 % des femmes qui y ont participé déclarent avoir été victimes de propos sexistes, 49 % de propos à connotation sexuelle et 13 % d’agressions sexuelles.
Autre caractéristique des rédactions de médias : le racisme. Qui, là aussi, touche principalement les femmes. Une « double peine », résume à franceinfo Béatrice Damian-Gaillard, chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Rennes 1 et spécialiste des médias, du genre et de la sexualité. Une double peine déjà observée lors des révélations de la Ligue du LOL.
Parmi les témoignages recueillis, certains sont effarants : « Anissa… Ah non, pardon, Fatima. Je me suis trompé de bougnoule ! », transcrit ainsi une des participantes à l’enquête. Les femmes racisées sont plus fréquemment victimes d’actes odieux. Pour Béatrice Damian-Gaillard, « une femme racisée et précaire cumule les formes de fragilité sociale dans un rapport de domination. Ça permet plus de possibilités aux harceleurs. »
Mais jusqu’à quand ce harcèlement, ce sexisme et ce racisme seront-ils tolérés dans les rédactions ? Malgré des signalements, les directions ne font que trop souvent rien pour les victimes, explique la porte-parole de Prenons la une, Aude Lorriaux, qui voit dans cette enquête participative « un élan collectif, une prise de conscience. » Reste désormais aux rédactions à lutter contre les discriminations. Oseront-elles enfin agir, après les révélations de la Ligue du LOL ?
© Photo : Illustration d’une conférence de rédaction (BERTRAND LANGLOIS / AFP)