Attaqué pour avoir tenu des propos qualifiés d’antisémites, Jean-Frédéric Poisson pourrait bien être éliminé directement de la primaire de la droite et du centre.
« Je n’ai pas de problème avec les musulmans mais j’ai un problème avec l’islam, qui développe des références culturelles incompatibles avec les nôtres. » Lorsque Jean-Frédéric Poisson parle de religion musulmane, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Mais qu’importe, chez Les Républicains, le débat sur l’Islam fait rage et il semble légitime de dire, lorsqu’on se présente à la primaire de la droite et du centre, que l’on a un « problème » avec cette religion. De Nicolas Sarkozy à Bruno Le Maire, en passant par Jean-Frédéric Poisson, donc, taper sur les musulmans de France est devenu un sport national. Et les amalgames ont la peau dure : pour le leader du parti chrétien-démocrate, la charia va remplacer les lois françaises si nous ne faisons rien : « Dans l’Islam, un voleur se voit couper la main. Je ne crois pas qu’un député français proposera un tel amendement au Code pénal », dit-il.
« Thèses conspirationnistes » et « antisémites »
Mais Jean-Frédéric Poisson n’est pas qu’islamophobe, il est aussi antisémite selon les membres de son propre camp. Lorsqu’il parle d’Hillary Clinton, le candidat à la primaire de la droite et du centre décrit sa « soumission aux lobbies sionistes », qui est « dangereuse pour l’Europe et la France. » Une phrase dénoncée par le Crif, qui estime que, « par ses propos nauséabonds, Jean-Frédéric Poisson s’est placé en dehors du cadre de la primaire de la droite et du centre. » « Au-delà de leur caractère insidieusement antisémite, ces propos relèvent des thèses conspirationnistes dont on sait qu’elles sont le fonds de commerce des extrémistes les plus violents », peut-on lire dans le communiqué de l’instance représentative des institutions juives de France qui demande aux organisateurs de la primaire « de prendre une sanction exemplaire à la mesure de la gravité de ces affirmations. »
Ce mercredi 26 octobre, une décision quant à la suspension ou non de la participation de Jean-Frédéric Poisson à la primaire sera donc prise. Plusieurs candidats ont dénoncé la phrase du patron du parti chrétien. Nathalie Kosciusko-Morizet, notamment, a indiqué qu’elle avait saisi « la Haute Autorité de la primaire » et a vivement dénoncé les « thèses complotistes » et « l’antisémitisme » du candidat. Bruno Le Maire « condamne » lui aussi les propos de son adversaire. Thierry Solère, président du comité d’organisation de la primaire, a rappelé que « l’évocation du ‘lobby sioniste’ n’a pas la même signification qu’aux Etats-Unis. » Sur la sellette, Jean-Frédéric Poisson s’est excusé de ses propos et a tenu à « redire ici toute l’amitié (qu’il avait) pour l’Etat d’Israël et pour le peuple juif dans son ensemble. » Sur l’Islam, en revanche, il ne retire pas un mot de ce qu’il a pu dire.