Il devait s’y rendre pour de simples démarches administratives. Un journaliste saoudien, qui était en visite à Istanbul, n’a pas donné signe de vie depuis qu’il a franchi les portes du consulat de son pays en Turquie. Âgé de 59, Jamal Khashoggi est un journaliste critique vis-à-vis de son pays. L’ancien vice-président de l’AKP, le parti turc d’Erdogan, estime que cette disparition est « très inquiétante. On cherche à en savoir plus. A ce stade, on étudie toutes les possibilités, y compris un enlèvement. »
Après quelques heures passées à attendre son compagnon, la fiancée du journaliste a alerté les autorités locales. « C’est à se demander si les autorités saoudiennes ne lui ont pas tendu un piège », indique au Figaro le spécialiste du Moyen-Orient Joseph Bahout.
De quoi questionner une nouvelle fois sur les méthodes du prince héritier Mohammed ben Salmane. Le journaliste retenu au consulat avait déjà dû s’exiler aux Etats-Unis en septembre 2017. Pourtant, Jamal Khashoggi n’a jamais été un farouche opposant au régime, tout juste un peu critique. « C’est inquiétant sur la façon dont Mohammed Ben Salman pense et se comporte. S’il traite ainsi ses anciens amis, que fera-t-il à ses ennemis? », demande Joseph Bahout.
Si le journaliste ne réapparaît pas dans les prochaines heures, nul doute que cette situation sera source de conflit diplomatique entre la Turquie et l’Arabie saoudite : en agissant ainsi, les Saoudiens bafouent la souveraineté turque et montrent une nouvelle fois qu’il y a un gap entre les discours et les actions de « MBS ».