vendredi 22 novembre 2024
3.8 C
Paris

Le burkini n’est pas un problème pour la laïcité

Suite à l’interdiction du port du burkini sur les plages cannoises par un arrêté municipal, l’avocat Karim Achoui donne son point de vue de juriste sur cette affaire.

Le maire Les Républicains (LR) de Cannes, David Lisnard, a invoqué des raisons d’« hygiène », de « laïcité » et de « terrorisme » pour interdire, sur les plages de sa municipalité, le port du maillot de bain islamique recouvrant le corps. Le maire a en effet fait paraître un arrêté municipal le 28 juillet, passé inaperçu en plein cahot post-attentats du 14 juillet, mais qui dont la teneur a aujourd’hui été dévoilée par la presse. Seulement, la décision du maire niçois en vient à réduire les musulmans au statut, si ce n’est de terroristes, du moins de menaces, de fauteurs de troubles à l’ordre public, et favorise ainsi amalgames et inégalités. Et, au nom de l’état d’urgence, ce sont des droits fondamentaux qui sont ici bafoués ; au nom de faux prétextes ce sont des questions bien plus fondamentales qui sont balayées. Car le port du burkini est parfaitement légal, et l’interdire démontre un rejet — sans raison, a priori —, une condamnation postérieure à une quelconque faute, et donc témoigne d’une stigmatisation et d’un rejet social profond, du musulman, de la femme musulmane en l’occurence, plus exactement.

La plage est un espace public dans lequel l’on peut se vêtir comme on le souhaite

Parce que, le burkini n’a rien a voir avec des questions d’hygiène, de laïcité ou de terrorisme, mais bien avec des questions ayant trait au rapport au corps, au libre-arbitre, à la liberté de disposer de sa personne, et au communautarisme. L’esprit de fermeture et l’ethnocentrisme incapable de voir au-delà de certaines oeillères apparaît ici évident,  problématique, croissant ; et malheureusement, il se légitime injustement aux vues de telles mesures prises par des politiques qui suivent avant tout leur subjectivité et viennent tristement entacher notre République et l’image des musulmans de France. Car, non, je le répète, le burkini n’est pas un problème pour la laïcité : la plage est un espace public, dans lequel l’on peut se vêtir comme on le souhaite, seule la pratique naturiste restant circonscrite aux lieux dédiés. De plus laïcité ne rime pas avec exclusion mais inclusion, même si l’on a tendance à l’oublier.

Une décision contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme

Ensuite, si le burkini pose un problème d’hygiène, pourquoi ne pas dire aussi aux enfants portant des tee-shirts pour se protéger du soleil qu’ils sont sales, ou à une quelconque personne un peu vêtue en bord de mer, qu’elle fait montre de manque d’hygiène… On sombre ici dans le ridicule, et les propos tenus par David Lisnard sont méprisants et insultants. Enfin, quant à l’argument du terrorisme il ne tient tout simplement pas la route et témoigne de la pollution de l’amalgame qui gagne du terrain, et d’un racisme latent. Car non, tous les musulmans ne sont pas des terroristes et ne cachent pas de bombes sous leur burkini…! Le burkini n’est pas interdit, mais certains s’arrogent pourtant le droit de l’interdire… C’est donc à eux que l’on devrait interdire de telles actions! Parce qu’en interdisant arbitrairement — et pour des raisons qui n’en sont pas, au regard de la loi —, le port du burkini sur les plages de sa commune, le maire de Nice porte atteinte à la liberté d’aller et venir, ainsi qu’à la liberté de culte, selon l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’Homme… La laïcité a bon dos.

Ainsi, au vue de cette décision prise contre les musulmans en France, a priori très critiquable, j’ai donc entrepris de demander l’arrêté au service de la mairie, afin de l’étudier et par la suite d’éventuellement l’attaquer en justice.

Actualités en direct

Pourquoi de nombreux musulmans hautement qualifiés choisissent-ils de quitter la France ?

L'étude "La France, tu l’aimes mais tu la quittes"...

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Les brèves

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Israël : la fin de l’impunité ?

Des juges britanniques demandent au Premier ministre Sunak de stopper la vente d'armes à Israël et lui suggèrent de sanctionner les responsables israéliens.

Espagne : vers la reconnaissance de l’Etat palestinien

Le gouvernement espagnol veut reconnaître l'Etat palestinien avant l'été. L'annonce est prévue pour le 9 juin.

Sur fond de génocide en Palestine, l’iftar de la Maison-Blanche annulé

Les invités de l'iftar de la Maison-Blanche ont refusé de rompre le jeûne avec le président Biden qui doit, selon eux, revoir sa position sur Israël.
Quitter la version mobile