C’est un voyage qui fait déjà polémique. Et pour cause, le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalò, va à l’encontre des directives de l’Union africaine. En effet, Tel-Aviv avait demandé un statut d’observateur au sein de l’UA, mais l’instance continentale a définitivement refusé cette demande en février dernier. Israël est donc définitivement mis au ban de l’institution, qui préfère désormais discuter avec l’Autorité palestinienne. Sous les applaudissements des chefs d’Etat africain, le premier ministre de l’Autorité palestinienne, Mohammad Shtayyeh, a clamé :« Les Palestiniens défendent leur pays comme vous, en Afrique, avaient défendu vos terres contre le colonialisme ».
Des applaudissements auxquels, a priori, n’a pas participé le président bissau-guinéen. Car quelques jours après l’Assemblée générale de l’UA, Umaro Sissoco Embaló a couru en Israël pour soutenir très clairement le ministre des Affaires étrangères de l’Etat hébreu. « La Guinée-Bissau et ses habitants sont à vos côtés et prêts à vous aider de toutes les manières possibles », a expliqué Embalò au chef de la diplomatie israélienne qui l’a remercié d’avoir soutenu la position israélienne au sein de l’Union africaine.
Pensant équilibrer les débats, Embalò s’est également rendu à Ramalah, pour rencontrer le président Mahmoud Abbas. Ce dernier, très diplomate, a remercié le Bissau-Guinéen pour « les positions de la Guinée-Bissau au niveau des forums internationaux en faveur du peuple palestinien ». Il avait connaissance du discours d’Embalò, quelques heures plus tôt, en Israël.
Un discours dangereux : en clamant son soutien à Tel-Aviv, Embalò sert de faire-valoir à l’Etat hébreu. C’est une aubaine pour Israël d’être défendu par un musulman et un président africain, à un moment où tout un continent a décidé de soutenir l’Afrique du Sud et l’Algérie, qui ont depuis toujours embrassé la cause palestinienne.
Problème : si Embalò est le personnage principal du storytelling israélien, sur le continent, il est esseulé. Autrefois écouté, grâce à un discours sans ambiguïtés, il n’est désormais plus crédible vis-à-vis des autres chefs d’Etat africains. La Guinée-Bissau, elle, pèse peu en Afrique et le jeu trouble de son président en Israël n’aura que pour conséquence de fragiliser un peu plus un Embalò déjà bien mal embarqué pour un prochain mandat.