Le gendre du président des Etats-Unis, chargé depuis deux ans par le milliardaire républicain de parvenir à « l’accord ultime » entre Israéliens et Palestiniens, avait promis la semaine dernière de dévoiler ses propositions après la fin du ramadan qui s’achève début juin.
En attendant, celui qui était jusque-là très discret dans les médias se fait plus présent pour préciser, par petites touches, sinon le contenu au moins les contours et la philosophie de son plan.
Au sujet de la « solution à deux Etats », déjà ostensiblement délaissée dans les discours officiels de l’administration Trump en rupture avec le passé et avec le consensus international, il a confirmé qu’elle ne ferait pas partie, telle quelle, de ses idées.
« Je réalise que ça signifie des choses différentes selon les gens. Si vous dites ‘deux Etats’, ça veut dire une chose pour les Israéliens, ça veut dire une autre chose pour les Palestiniens », a expliqué Jared Kushner lors d’une conférence organisée par le cercle de réflexion Washington Institute.
« Alors on a dit, vous savez, on a qu’à ne pas le dire. Disons juste qu’on va travailler sur les détails de ce que cela signifie », a-t-il ajouté sans plus de précisions.
Selon lui, son plan, concocté dans le plus grand secret avec une petite équipe réputée très proche d’Israël, « s’attaque à beaucoup de sujets », « probablement d’une manière plus détaillée que jamais auparavant ».
« J’espère que cela montrera aux gens que c’est possible, et s’il y a des désaccords, j’espère qu’ils porteront sur le contenu détaillé plutôt que sur les concepts généraux », a-t-il poursuivi, estimant que ces seuls concepts, connus depuis des années, n’avaient pas permis de résoudre cet inextricable conflit.
Jared Kushner a aussi assuré que la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, actée de manière aussi unilatérale que controversée par Donald Trump fin 2017, « ferait partie de tout accord final ».
Et même s’il a affirmé que les autorités israéliennes devraient aussi « faire des compromis », sans dire lesquels, il a une nouvelle fois mis l’accent sur l’indispensable « sécurité » de l’Etat hébreu.
Autant de confirmations qui devraient conforter les dirigeants palestiniens dans leur refus de négocier avec ce gouvernement américain, avec lequel la rupture est consommée depuis la décision sur Jérusalem, suivie par la suppression de la quasi-totalité des aides de Washington aux Palestiniens.
Face à ce noeud a priori insurmontable, le conseiller présidentiel a tenté de prendre à témoin la population de Gaza et de Cisjordanie.
Son équipe, a-t-il rapporté, à parlé à de nombreux hommes d’affaires ou citoyens lambda palestiniens, pour aboutir à un plan qui « peut être très acceptable par eux » car il « aidera les Palestiniens à avoir de la dignité » en « cassant ce cycle ». Un pragmatisme affiché qui semble confirmer que ses propositions porteront davantage sur le développement économique pour leurs territoires que sur un statut d’Etat à part entière.
« La question à présent se pose de savoir si les dirigeants ont le courage de monter à bord » pour « vraiment améliorer la vie de leur peuple », a-t-il plaidé. « C’est très décourageant pour nous de voir les dirigeants palestiniens attaquer un plan dont ils ne connaissent pas le contenu au lieu de tenter de discuter avec nous », a-t-il ajouté, en les accusant d’avoir pris de mauvaises décisions depuis « 20 ans ».
Alors que l’administration Trump fait miroiter des idées « nouvelles » et « uniques » pour réussir là où tous les prédécesseurs de l’homme d’affaires ont échoué, son gendre a insisté sur cette impasse. « Si nous devons échouer, nous ne voulons pas échouer en faisant comme les autres car ça a déjà été tenté », a dit le mari d’Ivanka Trump, autre proche conseillère du locataire de la Maison Blanche.
Avant de glisser, sûr le lui: « quand vous travaillez pour un président, vous faites de votre mieux pour ne pas le décevoir, mais vous pouvez le décevoir. Lorsque vous travaillez pour votre beau-père, vous ne pouvez pas le décevoir ».