Un rapport ministériel dénonce les discriminations à l’embauche dans la fonction publique. Un constat qui montre que l’Etat a encore de nombreux efforts à fournir en la matière.
Chaque année, un rapport sur les discriminations à l’embauche dans la fonction publique sera publié. C’est la promesse de Manuel Valls, suite à la réception d’un rapport commandé par le Premier ministre à Yannick L’Horty, enseignant-chercheur à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée. Selon l’universitaire, les candidats – et surtout, les candidates – d’origine maghrébine et ceux des quartiers défavorisés ont plus de mal que les autres à accéder à des postes de la fonction publique. Une discrimination ethnique et sociale que dénonce Manuel Valls : « En créant un décalage incompréhensible entre la promesse républicaine d’égalité, de méritocratie, et la réalité, ces pratiques ébranlent ce qui fonde notre cohésion nationale », indique-t-il.
L’hôpital discrimine plus que la police
Le Premier ministre demande qu’« une exigence d’exemplarité s’impose aux employeurs publics », alors que l’on demande souvent aux entreprises privées d’être irréprochables. L’Etat ne peut « pas donner d’injonctions aux entreprises si lui-même n’est pas exemplaire », résume le président de SOS Racisme, Dominique Sopo. Selon le rapport de Yannick L’Horty, les modes de recrutement dans la fonction publique sont « très décentralisés et très peu organisés », finalement très proches de ceux du privé. C’est donc sans surprise que les candidats d’origine maghrébine et de quartiers défavorisés sont moins bien traités que les autres. Police municipale, hôpitaux… Aucun domaine n’échappe à la discrimination à l’embauche, mais le secteur de la santé semble être le plus en retard. Ce rapport, « sans équivalent jusqu’à présent en France » selon la ministre de la Fonction publique, qui s’est dite « choquée », devrait donc être établi chaque année. Un enjeu de taille, car la fonction publique représente aujourd’hui un emploi sur cinq en France. Fin 2014, on comptait 5,6 millions d’agents publics, dont 2,5 millions dans la fonction publique d’Etat et 1,2 million dans la fonction hospitalière.