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Libye: Tripoli, cible d’une offensive du maréchal Haftar

Depuis jeudi, malgré les appels de la communauté internationale, le maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen, et son autoproclamée Armée nationale (ANL) mènent l’assaut vers Tripoli (ouest) au prix de violents combats avec ces rivaux du GNA, des affrontements déjà à l’origine de dizaines de morts et de milliers de déplacés.

Après une nuit plutôt calme, les combats ont repris mardi matin au sud de la capitale, en particulier à Gasr Ben Ghachir et Wadi Rabi (environ 30 km), selon une source de sécurité à Tripoli.

Les deux camps proclament quotidiennement des « avancées » mais jusqu’ici, sur le terrain, aucun des deux ne semble dominer les combats.

L’ANL a revendiqué le raid aérien de lundi contre l’aéroport de Mitiga, dans la banlieue est de Tripoli, qui a provoqué la suspension immédiate des vols et l’évacuation de l’aéroport, même si l’attaque n’a pas fait de victime, a-t-on appris mardi de source aéroportuaire et auprès de la compagnie nationale Libyan Airlines.

Un journaliste de l’AFP présent sur place lundi a aperçu un cratère d’un mètre de profondeur à proximité d’une piste d’atterrissage et un vieil hélicoptère militaire endommagé par la frappe.

Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l’ANL, a indiqué plus tard devant la presse que l’attaque visait un avion militaire MiG-23 et un hélicoptère.

Mardi, l’Autorité de l’aviation civile a indiqué avoir décidé la « reprise des vols nocturnes seulement jusqu’à nouvel ordre ».

« Droit international »

Dénonçant l’attaque, l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a estimé qu’elle constituait « une violation grave du droit international humanitaire qui interdit les attaques contre des infrastructures civiles ».

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a « fermement condamné » « l’escalade » de la violence autour de Tripoli et appelé à « un arrêt immédiat » des combats. Il a appelé « toutes les parties à engager immédiatement le dialogue afin de trouver une solution politique ».

La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a elle rappelé dans un communiqué « toutes les parties » à « leur obligation, en vertu du droit international, de garantir la protection des civils et des infrastructures civiles ».

Le président français Emmanuel Macron a téléphoné lundi au chef du GNA, Fayez al-Sarraj, pour lui affirmer son « refus total » de l’offensive du maréchal Haftar, selon un communiqué du service de presse de M. Sarraj.

La présidence française a indiqué plus tard que M. Macron avait téléphoné ces deux derniers jours à M. Sarraj, mais aussi à M. Haftar et M. Guterres.

Lors de ces entretiens, il « a marqué l’impératif d’agir immédiatement pour mettre fin aux combats », selon l’Elysée.

Selon un autre communiqué du GNA, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a également téléphoné à M. Sarraj pour lui faire part du « refus absolu » de Rome de l’attaque du maréchal Haftar.

Malgré le spectre d’une guerre généralisée en Libye, pays pétrolier en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, les grandes puissances ont toutefois échoué à se mettre d’accord à l’ONU sur une déclaration appelant le camp Haftar à cesser son offensive.

Présentée au Conseil de sécurité dimanche soir, cette déclaration, soutenue entre autres par Washington, a été bloquée par la Russie, qui tient à ce que « toutes les parties » soient appelées à la retenue.

« Volcan de la colère »

Le maréchal Haftar est appuyé politiquement par une autorité basée dans l’est du pays. Récemment, ses forces ont étendu leur emprise sur le sud de la Libye. Elles visent désormais l’ouest, où est situé Tripoli.

Mais elles font face au GNA, reconnu par la communauté internationale et soutenu par de puissantes milices de l’ouest libyen.

Le GNA a promis dimanche une contre-offensive, nommée « Volcan de la colère », pour « nettoyer toutes les villes libyennes des agresseurs », en référence aux pro-Haftar.

Lundi, il a dénoncé l’attaque contre l’aéroport, considérée comme « un crime de guerre et un crime contre l’humanité », et promis de poursuivre ses auteurs.

Selon le dernier bilan du ministère de la santé du GNA arrêté dimanche soir, au moins 35 personnes ont été tuées depuis jeudi dernier. Les forces pro-Haftar avaient elles fait état samedi de 14 combattants tués.

Le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) a exprimé lundi sa « préoccupation », appelant les belligérants « à assurer la sécurité de tous les civils » et un accès humanitaire « permanent ».

A New York, le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric a estimé à 3.400 le nombre de personnes déplacées par les combats.

« Des affrontements avec des armes lourdes ont touché des zones résidentielles et un nombre indéterminé de civils ne sont pas en mesure de fuir », a-t-il ajouté.

Malgré les violences aux portes de la capitale, les Tripolitains vaquent à leurs habitudes. Les services de l’administration fonctionnent, écoles et commerces sont ouverts. Dimanche, le ministère de l’Enseignement du GNA a souligné que les cours se poursuivaient « normalement » à Tripoli, sauf dans les zones de combats.

Les violences actuelles interviennent avant une conférence nationale sous l’égide de l’ONU à Ghadamès (sud-ouest) censée dresser une « feuille de route » pour stabiliser le pays. Ghassan Salamé a assuré samedi qu’elle était maintenue du 14 au 16 avril, sauf en cas de « circonstances majeures ».

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