Il était cuisinier et a eu envie d’entreprendre, comme l’encourage le gouvernement en période de crise. Abdenahim Boutroussit a eu l’idée, fin 2013, d’ouvrir une boucherie traiteur halal, à Souillac, petite ville de 3 600 habitants. Ouvrir sa propre société peut parfois être long. Pour Abdenahim Boutroussit, c’est un euphémisme.
Voilà effectivement près de deux ans que l’ouverture de sa boutique est prévue. Deux ans que cet entrepreneur dans le halal ne rencontre que des obstacles. Et pourtant, le projet semblait rapidement bouclé… Nécessitant un prêt, l’ancien cuisinier avait fait appel à sa banque et à Initiative Lot, une association qui délivre des prêts d’honneur. Réponses positives de la part des deux organismes. Inscrit à la Chambre de commerce du Lot, Abdenahim Boutroussit reçoit même déjà, affirme-t-il, « un appel à cotisation du RSI », la sécurité sociale des chefs d’entreprise indépendant.
« Toutes les portes me sont fermées »
Pourtant, assure le jeune entrepreneur, « l’activité n’a pas encore démarré. » Et pour cause, à Souillac, les propriétaires de locaux commerciaux ne semblent pas disposer à l’aider dans son entreprise. Après avoir négocié un an avec l’un d’eux, Abdenahim Boutroussit devait signer en novembre 2014 un bail commercial avec promesse de vente. Le propriétaire « ne s’est pas présenté pour la signature. » A la recherche d’un autre local, le futur boucher a rencontré un « propriétaire enthousiaste » qui « a subitement changé d’avis » en apprenant que l’homme allait ouvrir un commerce halal.
« Aujourd’hui, toutes les portes me sont fermées », déplore Abdenahim Boutroussit, qui se demande justement : « Les notables de Souillac craignent-ils de voir leur ville perdre leur prestige avec un tel commerce ? » Pas impossible, lorsque l’on sait que, d’après un sondage Ipsos/Sopra-Steria de janvier 2015, un Français sur deux pense que la religion musulmane n’est « pas compatible avec les valeurs de la société française. »
La boucherie halal n’ouvrira pas (ici)