jeudi 31 octobre 2024
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Louisa Yousfi veut porter la voix de ceux que l’on n’entend pas

Elle fait partie de cette nouvelle génération de porte-voix. A 29 ans, Louisa Yousfi a choisi le web pour faire entendre ce qu’elle a à dire. Il y a quatre ans encore, rien ne prédestinait cette journaliste à être à la tête d’un débat politique. Ni à être la cible des identitaires sur les réseaux sociaux. C’est en 2014 que la jeune femme découvre sa fibre militante, au moment de l’offensive israélienne dans la Bande de Gaza. « Je me suis beaucoup rendue aux manifestations à Paris qui avaient été interdites par Manuel Valls. Pour moi, cela a été un moment très fort dans mon basculement dans le champ politique antiraciste », se souvient-elle. C’est là que Louisa a « pris conscience de la manière dont l’Etat traite les héritiers de l’immigration ». Un déclic qui amènera la jeune Antiboise à s’engager encore un peu plus. « J’étais déjà éveillée politiquement », admet-elle.« Mais pas aussi engagée qu’aujourd’hui. »

« On existe, on a une identité et on a des raisons de se réunir autour de causes qui nous sont spécifiques »

Ce militantisme, ce fut aussi l’occasion pour Louisa de le partager avec d’autres. Une union loin des clivages gauche-droite. « Lors de ces manifestations, c’était la première fois que je voyais ces populations — des enfants issus de l’immigration ou des quartiers populaires — dans la rue, là où il n’y avait à l’époque que la gauche. J’ai alors remarqué que nous existions de manière politique, que la question de la Palestine était un foyer de mobilisation très fort, un référent pour les quartiers en France », explique Louisa qui a remarqué que, lors de ces rassemblements, cette union permettait à tous de dire : « On existe, on a une identité et on a des raisons de se réunir autour de causes qui nous sont spécifiques et qui ne sont pas directement liées aux partis traditionnels. » Depuis, Louisa milite au sein du parti des Indigènes de la République, avec une volonté d’incarner cette nouvelle génération de jeunes qui ont une conscience politique développée.

« Faire entendre la voix des quartiers populaires et de l’immigration post-coloniale »

Louisa est le symbole à la fois d’une nouvelle façon de faire la politique, donc, mais aussi de faire du journalisme. En janvier dernier, elle se lance dans l’aventure « Paroles d’honneur » avec un objectif : « Faire contrepoint, porter un regard neuf et décalé sur l’actualité politique en faisant entendre la voix des quartiers populaires et de l’immigration post-coloniale. » C’est au début de la campagne présidentielle que la jeune femme a lancé cette émission originale, loin du format étriqué des JT. Avec des épisodes d’une à trois heures dans lesquels on parle de tout, sans filet. Et surtout avec la volonté, comme l’explique Louisa, de « créer un espace qui n’existe pas dans le champ traditionnel médiatique, pour faire entendre des voix que l’on n’écoute pas habituellement. » Et ça fonctionne : 10 000 personnes se sont passionnées pour sa dernière vidéo tournée au « QG décolonial » il y a deux semaine sur le thème « Mélenchon est-il notre pote ? »

« On tient à revendiquer notre histoire »

Une façon originale de faire du journalisme que Louisa Yousfi doit à son histoire. Et à celle de nombre de nos ancêtres. « Il y a, en France, un continuum colonial qui fait que l’Etat français traite les Arabes, les Noirs et les musulmans de manière différente des autres Français », déplore-t-elle. Il était donc primordial pour cette génération de s’émanciper. Et de montrer qu’intégration ne rime pas forcément avec assimilation. « Les gens s’attendaient à ce qu’on abandonne notre culture et notre religion, mais nous sommes Français et non seulement on ne rompt pas avec notre histoire, mais on tient à la revendiquer. Nos parents, eux, avaient encore cette idée qu’ils n’étaient pas chez eux, ils ont fait profil bas. Mais aujourd’hui, nous sommes légitimes et c’est sûrement ce qui nous donne une assurance qui nous permet défendre nos droits de la meilleure des façons », résume Louisa Yousfi. Master de philosophie et diplôme de journalisme en poche, Louisa s’est appropriée cette histoire commune à de nombreux Français pour allier journalisme et militantisme.

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